Tout juste après la grève des agents de la SEMITAN – très suivie avec plus de 40% des agents grévistes contre 15% habituellement, la CGT-SEMITAN s’est fendue d’une lettre ouverte à Mme le préfet, Mme le maire (la socialiste Johanna Rolland) et aux élus de Nantes Métropole. Le syndicat tient à sonner l’alarme : c’est le cœur de Nantes qui est le plus sensible et les agents de la TAN n’en peuvent plus.
« Alors qu’on nous annonce des renforts de forces de l’ordre pour des secteurs sensibles et bien trop vite ciblés [dans le cadre de la PSQ] la CGT Semitan souhaite alerter sur LE quartier le plus sensible et le plus chaud de notre belle ville nantaise », commence le syndicat. « Non Messieurs Dames, même si Malakoff, Bellevue et Dervallières sont des secteurs un peu tendus, la réalité est ailleurs ! », continue la CGT, qui a peut-être un peu vite oublié la violence et l’ampleur des émeutes cet été.
« Il est temps d’ouvrir les yeux, regardez ce qui se passe au cœur de la cité nantaise : Aujourd’hui c’est le cœur de la ville qui est gangrené par la délinquance. Commerce et Bouffay, centre névralgique et passage obligé de milliers de citoyens au quotidien. Trafics, vols, insultes, bagarres, agressions. Pas une journée sans qu’un événement néfaste ne se produise au cœur de Nantes », affirme le syndicat.
« N’êtes vous pas à l’écoute de vos concitoyens ? Ne prenez-vous pas en compte les remontées quotidiennes des forces de l’ordre? »
« N’êtes-vous pas à l’écoute de vos concitoyens ? Ne prenez-vous pas en compte les remontées quotidiennes des forces de l’ordre ou de notre P.C.C Semitan ? Quelle image ont-ils gardé, ces milliers de visiteurs venus cet été découvrir la cité des Ducs de Bretagne ? N’est-il pas de votre devoir de veiller à leur tranquillité ? Combien de vols, de frottements, d’agressions et de victimes faudra-t-il encore pour vous voir enfin réagir à la hauteur des problèmes du quotidien de vos concitoyens ? », interpelle les élus le syndicat.
« L’État se désengage, l’agglomération se désengage ! Il est de votre devoir de mettre les moyens de VOS exigences et ne pas espérer que tout va s’arranger d’un coup de baguette magique », assène le syndicat, qui conclut : « les agents de la SEMITAN n’en peuvent plus d’être les témoins quotidiens de cette violence gratuite, de ce climat d’insécurité qui pèse lourdement sur leurs lieux de travail à toute heure de la journée. Réagissez ! ».
La nuit, le danger est au centre de Nantes et au Hangar à Bananes
La situation à Commerce s’est sensiblement aggravée depuis fin 2015, lorsque environ 200 jeunes hommes maghrébins, en situation irrégulière, ont commencé à s’y adonner à la vente de drogue, aux vols à l’arraché et avec violence. A l’époque déjà, les autorités ont fait l’autruche. Peu à peu la zone dangereuse s’est étendue, d’abord au quartier Bouffay voisin, puis la nuit à tout le centre-ville – depuis mi-2017 Nantes porte sa croix, entre le faubourg Madeleine au sud, le milieu du cours des 50 Otages au nord, Médiathèque à l’ouest, le château des Ducs de Bretagne à l’est. Vols à l’arraché, agressions à coups de couteaux, viols, violences diverses… La nuit, le danger est au centre de Nantes et au Hangar à Bananes.
Toujours aucune réaction des autorités – ni de la municipalité socialiste, ni de Nantes Métropole, ni de la préfecture, d’autant que le camp de migrants Square Daviais n’a rien arrangé – comme les urgences du CHU Hôtel-Dieu ont pu le constater. Et pourtant début septembre 2018 la CGT estimait que sur le plan de la sécurité, la station Commerce est « définitivement perdue » tandis que pour nombre d’agents de la TAN Commerce est le point le plus dangereux du réseau. Aucune réponse, sauf un déploiement de la police municipale complètement inutile – sauf comme opération de com’ pour la mairie.
Une fatalité ?
Il faut croire que tant pour la maire socialiste que la préfète nommée par Macron et bientôt en retraite, l’insécurité au cœur de Nantes est une « fatalité » et les lois ne peuvent pas y être appliquées. Tant pis pour les Nantais et les touristes qui viennent visiter la cité des ducs de Bretagne.
Louis Moulin
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