Lundi 17 septembre, ils étaient 200 journalistes devant le siège d’Ouest-France à Chantepie (près de Rennes). En lançant son « plan de réorganisation », la direction ne s’attendait certainement pas à une réaction aussi vive, avec deux journées de grève à la clé (jeudi 13 septembre et mardi 19 septembre), d’où des éditions appauvries le lendemain car fabriquées avec des bouts de ficelles. Devant tant de détermination, la direction (David Guiraud, président du conseil de surveillance, Louis Echelard, président du directoire et directeur de la publication, et François-Xavier Lefranc, rédacteur en chef) a rapidement capitulé.
« On entre dans une phase d’écoute et de dialogue tous azimuts »
Dans un communiqué, diffusé à ses salariés, les patrons du groupe reconnaissent avoir entendu les vives réactions suscitées par leur projet de réorganisation qui se traduirait notamment par la suppression de 56 emplois. La suite est du Ouest-France tout craché : « Nous proposons de prolonger nos réflexions, en ouvrant une phase d’échanges plus approfondie prioritairement avec les équipes concernées. Il s’agit de faire évoluer et d’enrichir ce projet de nouvelle organisation des rédactions. Le calendrier et les modalités d’organisation de ces échanges avec les équipes seront arrêtées dans les prochains jours ». Une autre couche de vaseline est administrés par François-Xavier Lefranc : « On entre dans une phase d’écoute et de dialogue tous azimuts pour voir comment le projet va évoluer. Beaucoup d’équipes ont des idées pour avancer, on prendra le temps qu’il faut », assure-t-il. « On a dit que rien n’était figé. La seule chose qui est figée, c’est la nécessité de faire des économies », ajout-t-il (AFP, samedi 22 septembre 2018).
Pour faire « évoluer » et « enrichir » ce « projet », il n’est pas certain que les 576 journalistes (équivalent temps plein) de la maison soient les mieux placés. Habitués à la routine et à la simple nécessité d’assurer le bouclage, on ne peut guère compter sur eux pour redynamiser un produit en ayant à l’esprit le souci constant de « faire intéressant ». S’écarter du « politiquement correct » cher à la direction serait également hautement apprécié par les clients – lecteurs qui, aujourd’hui, sont habitués par la télévision et les réseaux sociaux à des sujets qui sortent des sentiers battus.
Demander leur avis aux clients – lecteurs de Ouest-France ?
François-Xavier Lefranc serait bien avisé de lancer une enquête marketing auprès des clients- lecteurs et des lecteurs potentiels que souhaitent-ils lire ? Quels sujets ne les inspirent pas ? Une règle simple veut que le client ait toujours raison… En prenant en compte les attentes des lecteurs, il y aurait certainement moyen d’arrêter la chute des ventes, voire, avec une touche de talent et d’imagination, de les relancer. Encore faut-il se remuer. On remarquera que dans les explications de la direction, à aucun moment, cette dernière n’évoque la question centrale du contenu rédactionnel. On continue comme avant…
Bernard Morvan
Crédit photo :DR
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