Après cent jours au pouvoir, dus à la motion de censure que remportèrent les socialistes contre l’ancien président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, on constate de plus en plus clairement que le nouveau gouvernement ne fait que rééditer simplement la vieille politique du régime issu de 1978 (date de la nouvelle constitution espagnole).
Avec seulement 85 députés sur 350, le Président Pedro Sanchez a peu de marge de manœuvre avec ses alliés de circonstances au Parlement, un mélange de gauchistes toutes tendances confondues et de nationalistes régionalistes, prisonniers de leurs exigences et de leurs querelles interminables.
L’Espagne dans une période d’incertitudes
On vit en Espagne une période d’incertitudes, dans l’attente des rendez-vous électoraux de 2019 qui permettront de mesurer l’impact réel de tout ce qui se passe actuellement dans la classe politique.
La Ministre de la Santé, accusée de plagiat pour son travail de fin de diplôme a du démissionner. Mais en ce moment même, c’est le Président Sanchez lui-même qui se retrouve au centre d’un scandale parce qu’il aurait lui-aussi falsifié sa thèse de doctorat en diplomatie économique. L’ambiance politique espagnole est donc totalement tendue.
Au même moment, le Parlement a voté un Décret-Loi afin d’exhumer le corps du Général Franco de la Vallée des Héros malgré l’abstention du parti Populaire, le PP et de Ciudadanos. A l’origine de la grogne, on accuse le gouvernement de profiter de l’affaire Franco pour cacher son incompétence car il est clair que des réformes comme celle du marché du travail ou de la lutte contre la corruption ne se feront pas parce que personne ne les souhaite et ne les défend vraiment.
Sur la question des séparatistes catalans, le gouvernement central suit sa dialectique de la chaise vide avec un État qui n’a pratiquement pas réprimé les “golpistes” et une oligarchie régionale qui a besoin d’exciter sans cesse ses partisans pour ne pas perdre la face.
D’anciens schémas complètement désuets
L’objectif principal des nationalistes catalans est maintenant de remporter la mairie de Barcelone aujourd’hui dans les mains de la populiste de gauche, Ada Colau, soutenue par les socialistes. La bête noire des séparatistes, le Parti Ciudadanos souhaite convaincre l’ancien Premier ministre français Manuel Valls d’origine catalane d’être leur candidat pour la municipalité. Une preuve du malaise que cela provoque chez les nationalistes, c’est qu’il est passé dans sa qualification locale de “catalan premier ministre français (2014) à un “français qui prétend devenir maire de Barcelone” (2018).
Pour résumer, il y a bien aujourd’hui en Espagne un très jeune président mais qui ne fait que gouverner sous d’anciens schémas complètement désuets selon les coordonnées anciennes de la vieille politique. Une économie au service des intérêts multinationaux, un discours pro-immigrationniste au service de la précarité du travail, un sentimentalisme revanchard sur les faits historiques du passé pour cacher l’inanité du présent, le tout nourrissant un climat propice au populisme de droite si décrié.
Jordi Garriga
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