Un clic suffit pour rentrer dans la grande famille des marcheurs. Car La République en marche est un parti moderne : pas de bulletin d’adhésion, pas de cotisation ; c’est simple, c’est rapide, c’est économique. Si bien que, pendant la période faste de l’élection présidentielle et des élections législatives, il y aurait eu jusqu’à 380 000 adhérents – internautes. Mais, lors de l’approbation des nouveaux statuts, seuls 32,1% des adhérents – soit 72 066 sur un effectif global de 224 640 – ont pris part au vote électronique (Aujourd’hui en France, vendredi 18 août 2017). Les « adhérents » ont tout l’air de ressembler à des supporters prompt à s’échauffer pendant le match mais tout aussi disposés à donner la priorité à leurs occupations habituelles une fois la partie achevée. On oublie vite les copains marcheurs lorsqu’on est davantage « touriste » que « militant » ; on se démobilise lorsque la motivation disparaît.
Des chiffres fabuleux, mais peu crédibles
Évidemment, les cadres du parti annoncent des chiffres fabuleux. « Au moment des législatives, nous avions 35 comités locaux, aujourd’hui on en a 412. Nous sommes passés de 3600 adhérents à 4085 », affirme Gaëlle Le Roch, référente LREM du Morbihan. (Ouest-France, Morbihan, 20 – 21 janvier 2018). En Ille-et-Vilaine, Carole Gandon, référente départementale, annonce 7000 adhérents dont 2300 membres actifs engagés dans les 56 comités locaux (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 7 novembre 2017. En Loire-Atlantique, Valérie Oppelt avançait le chiffre de 3900 adhérents (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 30 janvier 2017). Dans ce département les « jeunes avec Macron » (JAM) prétendent même compter 200 adhérents, dont 40 membres actifs (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 11 juin 2018). On l’aura compris, on nage dans le « mensonge politique »… Rappelons que la vedette nantaise des marcheurs fut un temps le fameux Morgan Simon, propriétaire de deux restaurants Pizza Hut, qui « avait toujours voté à gauche mais se sentait plutôt au centre » (Libération, vendredi 12 mai 2017). Depuis, la carrière politique de « l’homme à la casquette » a connu quelques déboires…
Aujourd’hui l’hémorragie l’emporte sur l’enthousiasme des premiers mois
Nantes fut une place forte du mouvement durant la campagne 2017, mais aujourd’hui l’hémorragie l’emporte sur l’enthousiasme des premiers mois. « On était 10 000 avec des comités très dynamiques. Aujourd’hui, s’il y a 100 personnes actives sur le département, c’est le maximum. Les marcheurs sincères sont partis ou se taisent, c’est affligeant », raconte Thierry, président d’une association. On entend des échos semblables au sein des comités locaux de Lannion et de Saint-Herblain (Le Monde, samedi 15 septembre 2018). Christophe Castaner, délégué général de la République en marche, lorsqu’il soulignait : « On ne fait sûrement pas tout bien, mais quand je regarde les autres partis, je me dis qu’on est pas si mauvais que ça. » (Le Figaro, lundi 20 août 2018). Malgré ces défections, l’optimisme demeure chez les cadres du mouvement. « On n’est clairement pas comme les autres. 80% de nos adhérents en Ille-et-Vilaine n’ont jamais été encartés », souligne Carole Gandon, référente du département. Même son de cloche avec Mustapha Laabib, député de Rennes Bruz : « On fait de la politique autrement et on se confronte à l’autre monde » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 18 septembre 2018).
Bernard Morvan
Crédit photo :DR
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