Le Conservatoire du littoral a loin d’avoir les moyens financiers de ses homologues britanniques, en particulier le National Trust, il est vrai privé. Juste 55 millions d’euros en 2017, pour le Conservatoire… Mais à Clohars-Carnoët, il a pu se saisir de 123 hectares qui bordent un bras annexe de la ria. Des bois, des landes, des prés salés et des marais, surveillés de près.
Le site est articulé autour des vestiges d’une abbaye cistercienne fondée au 13° siècle, d’une grande importance économique, avec ses six moulins dont un marémoteur. Au fil des siècles, elle décline. Au 18° siècle, elle agonise. Vendue comme bien national à la Révolution, elle passe entre les mains de marchands de pierres taillées et sculptées qui la dépècent. A la fin du 19° siècle, le dernier propriétaire bâtit sa « folie » néo-gothique avec ce qui reste. Ultime avatar, en 1945, les Allemands de la poche de Lorient dynamitent le château.
L’acquisition du site a permis de valoriser les ultimes vestiges, une salle capitulaire, la façade de l’église Renaissance, l’orangerie et une grande ferme abbatiale. Parfaitement restaurée, elle abrite expositions permanentes et temporaires.
Cet été, jusqu’au 16 septembre, le peintre animalier Grégoire Solotareff et le sculpteur Stéphane Dufresne avaient ponctué le parc de monstres en bois de séquoia. Des œuvres d’une grande beauté, dans l’esprit de François Pompon (1855-1933), proches encore du travail de Jean Lemonnier, établi à La Gacilly.
Le site de Saint-Maurice mérite plus qu’un détour. Il nous offre une parfaite synthèse du littoral côtier avant qu’il subisse les malversations en tous genres qui le saccagent. Il est ouvert durant sept mois de l’année (fermeture, novembre/ mars). A quinze minutes de Quimperlé et 25 de Lorient.
Jean HEURTIN
Crédit photo de Une : Jacques Le Letty/Wikimedia (cc)
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