Les Premiers ministres tchèque et slovaque ont critiqué le projet de la Commission européenne d’augmenter le financement de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex.
Frontex, une agence « obsolète »
Le sommet européen de Salzbourg (Autriche) se tient les 19 et 20 septembre. Une rencontre organisée par le chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui assure la présidence tournante de l’Union jusqu’à la fin de l’année. Brexit et question migratoire seront les principaux sujets au menu.
À l’avant-veille de cette rencontre, les chefs de gouvernement tchèque et slovaque ont abordé un point d’actualité brûlant. À savoir le projet de modernisation de la force frontalière européenne Frontex, proposé par la Commission européenne. Cette dotation supplémentaire destinée à cette agence dont la principale mission est le contrôle et la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen est une idée soutenue par la chancelière allemande Angela Merkel.
Selon Andrej Babiš (Premier ministre tchèque) et Peter Pellegrini (Premier ministre slovaque), une hausse des moyens financiers pour l’agence Frontex ne contribuera qu’à dupliquer des structures de sécurité européennes déjà existantes, à savoir les garde-côtes des différents pays de l’UE. Mais, surtout, à encourager le travail d’une agence « obsolète ».
De 1,7 à 10 milliards d’euros
Andrej Babiš poursuit alors en détaillant les montants : « Le coût de Frontex s’élève aujourd’hui à environ 1,7 milliard d’euros et la Commission européenne propose maintenant d’en porter le coût à 10 milliards ». Avant de poursuivre :
« Je suis convaincu que la Grèce, l’Italie, Malte ou l’Espagne n’ont pas besoin de Frontex – je leur en ai parlé. Nous devons nous demander pourquoi nous investissons de l’argent dans une force parallèle alors que ces pays ont leurs propres gardes-frontières. Bien sûr, si Frontex opérait en dehors de l’UE, ce serait une autre affaire ».
Pour son homologue slovaque Peter Pellegrini, il serait plus judicieux de donner l’argent directement à l’Italie, à Malte, à la Grèce, à l’Espagne ou au Portugal, afin de renforcer leurs propres frontières. Une perspective dans laquelle Frontex n’aurait alors plus qu’un rôle de coordination entre les différents États européens. « Nous devons choisir de telles solutions où l’essentiel de l’argent va là où il est efficace et n’est pas absorbé par les organes administratifs », a alors déclaré Peter Pellegrini.
Prévenir les migrations économiques
Au-delà de la critique de Frontex, Andrej Babiš a estimé qu’en plus d’aider les États membres de l’UE à titre individuel, ces nouveaux financements devraient être utilisés pour parvenir à des accords avec les pays d’Afrique du Nord. Un moyen plus efficace de prévenir les migrations économiques et de réunir ainsi les conditions permettant aux migrants de rester dans leur pays d’origine. Un précédent en la matière existe déjà avec l’accord UE-Turquie sur les migrants, même si les résultats ne sont pas ceux escomptés.
Quant à la situation en Syrie, Andrej Babiš a déclaré qu’il était essentiel d’aider les migrants syriens à rentrer chez eux en assurant la paix et en contribuant au financement de la reconstruction du pays. Il n’est pas certain cependant que tous les dirigeants de l’Union européenne aient les mêmes intentions…
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