Pourquoi choisir de faire un focus sur l’enseigne Monoprix parmi la pléthore de foires aux vins de la rentrée ?
Principalement sur la considération d’un travail de sélection qui sait se distinguer de ses concurrents à travers une mise en avant de vins résolument originaux ; vinifiés par des vignerons pointus ou issus d’appellation peu représentées dans les linéaires de la grande distribution. Dans le vaste panel de la foire, les champagnes et les vins étrangers ressortent immanquablement comme les véritables lignes de force du savoir-faire Monoprix. Si cette année encore, de nouvelles références redonnent du panache à la physionomie d’ensemble d’une foire aux vins connue pour ces petites audaces, le renouvellement n’est pas complet. Il y a même comme un petit air de redite, tant mieux dans un sens pour ceux qui étaient passés à côté des pépites de l’année dernière, une nouvelle opportunité leur est présentée.
La méthode MONOPRIX
Chaque enseigne a développé un cœur de sélection sur laquelle est apposée une caution maison plutôt garante d’une certaine qualité. Leclerc avec les incroyables, Super U et ses vins de terroir etc…Quant à Monoprix, l’enseigne de centre-ville s’appuie sur son logo Monoprix gourmet qui éprouve les vins sur l’expertise de différents jurys composés de connaisseurs-amateurs, dont la validation à l’unanimité est requise. En fin de processus de sélection, les 2 experts Bettane et Dessauve infirment ou confirment l’obtention du label. Une méthode qui laisse peu de place à la complaisance et donne des gages sur le caractère loyal et marchand des vins, sans pour autant tenir toujours la promesse de l’hyper originalité…
Par vignoble, nous avons extirpé les bons plans de la foire tout en n’oubliant pas de pointer du doigt quelques valeurs surfaites, souvent survendues par l’enseigne. Nous alertons aussi nos lecteurs sur le vif intérêt d’acheter les vins à l’occasion des opérations journalières : 2+1 gratuites. En effet, Monoprix ne fait pas dans la philanthropie tarifaire et développe une fâcheuse tendance à anticiper dans ces prix initiaux, l’impact des offres promotionnelles…Reste une Foire aux vins affichant un bon niveau d’ensemble, qui justifie un déplacement pour la rareté de certaines références. Afin de hiérarchiser au mieux vos priorités d’achats, les vins ont été classés de la manière suivante :
* vin de caractère présentant une indéniable personnalité pour un prix raisonnable.
** vin de très bon standing à la singularité affirmée.
*** Grand vin à prix attractif.
Bordeaux Rive gauche
En rive gauche, Pas grand-chose à se mettre sous la dent avec une sélection portée sur les seconds vins de propriétés loin d’être au sommet de leur art. Méfiance donc sur la Pommeraie de Brown 16€89 en Pessac-Léognan, les charmes de Kirwan en Margaux 28€99 , les demoiselles de Larrivet 24€59, des cuvées déclassées pour la jeunesse de leurs vignes, censées garantir au consommateur l’excellence du premier vin, bien qu’elles aient surtout un effet bénéfique sur les finances des domaines. Une grosse réserve est également de mise pour le château Chantegrive 2010 (14€89) en Graves, issu certes d’un excellent millésime mais dont les élevages n’ont pas la réputation d’être les plus raffinés…
Préférence de Pirouette 2011 13€49 * AOP Médoc
Notre recommandation va pour un vin centré sur le petit verdot, cépage historiquement négligé à tort au sein des assemblages médocains. « Préférence » de la Pirouette casse les codes habituels avec un petit verdot vigoureux, apprécié pour sa forte coloration et ses contours aromatiques épicés, l’élevage en fût de chêne apporte une agréable touche toastée et s’harmonise de belle façon avec un jus plein de fougue.
Bordeaux Rive droite
Clos Puy Arnaud, les ormeaux 2015, 16€59, Côtes de Castillon **(*)
Sans aucun doute l’une des stars de cette foire aux vins, sur laquelle il est conseillé de se précipiter les yeux fermés. Les côtes-de-Castillon sont devenues une vraie valeur refuge pour tout amateur de Pomerol, avec des vins certes un peu plus assemblés (incluant du cabernet franc et du cabernet sauvignon), mais tout aussi plantureux que ceux présentés par son prestigieux concurrent. Thierry Valette et son Clos Puy Arnaud compte parmi les grands représentants de l’appellation, même si ses vins affichent une fibre terrienne peu courante dans cette partie de la rive droite. Arrimée au terroir, toute la gamme très homogène de cette propriété convertie en biodynamie, détonne par un fruité pulpeux en contraste flagrant avec nombre de grands pomerols envahis par les effluves de chêne neuf.
Fronsac Château Arnauton, 2014, 13€69 *
En dépit de son renchérissement récent (le domaine cotait moins de 10 euros il y a quelques années seulement !), Arnauton conserve son statut de bonne affaire du Fronsac. Riche en diable avec une opulence très représentative de la rive droite, ce domaine passé sous giron chinois, s’inscrit dans une veine classique ultra-accessible en dégustation, que l’on ne saurait trop recommander aux palais attirés par la rondeur du merlot.
Sud-Ouest
C’est sur le créneau des petites appellations confidentielles que Monoprix arrive souvent à se démarquer des propositions grand-public des autres enseignes. La sélection Sud-Ouest ne déroge pas à cette ligne buissonnière qui va dénicher des vins bourrés d’originalité à moins de 10€.
Marcillac,Lionel Osmin, Mansois,2016, 8€99 *
Le fer-servadou ou mansois est un cépage aveyronnais très attachant, sa personnalité poivrée ne fait pas toujours consensus mais qu’importe, ce plant apporte du dépaysement et une réelle diversité à contre-courant d’une homogénéisation ambiante. Qui plus est, l’approche de ce vigneron est assez moderne avec une volonté très nette de gommer les aspérités de ce cépage rustique sans pour autant renier ses caractéristiques.
Fronton,Château Laurou, délits d’initiés, 2016, 8.59€ *
Le Fronton s’est considérablement amendé et aujourd’hui le vin toulousain semble, pour une bonne partie de la production, avoir laissé derrière lui les démons du haut rendement. En toute logique la négrette a retrouvé son terrible charme aromatique avec ses notes florales et réglissées, en support la syrah fournit le fond et la consistance. Le fronton du château Laurou répond bien aux nouvelles exigences que ce sont fixées les bons élèves de l’appellation avec une traduction spectaculaire sur le niveau actuel des vins.
Mais aussi…
2 bons cahors avec la Tour Chambert 9.19€ *, grand classique très régulier dans sa qualité et celui de Jean-Luc Baldès toujours très méticuleux sur ses petites cuvées notamment sur le malbec du Clos 6.49€* qui met en avant un malbec de cuve à boire sur le croquant de sa jeunesse.
Languedoc, côtes du Roussillon
Le renouveau du Languedoc a été porté par de d’innovantes maisons de négoce ou de puissantes coopératives toujours à la manœuvre dans la mise en valeur de terroirs encore sous-estimés : Castelmaure en Corbière, Cazes en Roussillon, Gérard Bertrand. Ces noms malgré une certaine hétérogénéité et un air de déjà vu, fournissent encore de belles cautions pour la qualité des vins surtout sur les cuvées haut de gamme.
Corbières, L’extrême de Castelmaure ,2015, 10.19€ **
Un vin plaidoyer du savoir-faire développé par une coopérative unanimement respectée pour le remarquable niveau d’ensemble de sa gamme. Véritable locomotive de l’appellation, en mentor de vins respectueux de leurs origines, Castelmaure a su montrer aux vignerons coopérateurs la voie du terroir. Dans le vaste panel de la collection qui va de la prestigieuse cuvée N°3 à plus de 20€ jusqu’à la petite cuvée Saint Félix à moins de 5€, « l’extrême » occupe une place intermédiaire. Mais quel vin !empli d’arômes de garrigue, la concentration et la richesse des bons corbières est magnifiquement recadrée par une merveilleuse acidité.
Terrasses du larzac,Château la Sauvageonne, Pica Brocca 11.49€**(*)
En Terrasses du Larzac cette propriété appartenant à la galaxie Gérard Bertrand produit des vins très individuels jamais dépourvus de panache. Toujours très généreux, le profil des vins ne sombre jamais dans la lourdeur inhérente à l’extrême maturité. Pica Brocca porte la qualité des vins de la Sauvageonne à son acmé : plus dense et profond que la cuvée les Ruffes, Pica Broca est un languedoc superlatif, avec des proportions aromatiques et de concentration supérieures aux standards habituels, la complexité et l’équilibre tiennent l’ensemble.
Mais aussi :
Hetch et Bannier Minervois 9.99€, négoce de confiance ayant su développé un savoir-faire dans la sélection et l’élevage des vins rappelant les riches heures du négoce rhodanien Tardieu-Laurent…
Vallée du Rhône
Monoprix a eu le béguin pour le travail de la fille de Jean-Luc Colombo (Colombo et Fille), le grand œnologue de la décennie 90 passé maître dans le style « décroche-mâchoire » par ses extractions démesurées et des élevages à rallonge dans le fût de chêne neuf. Sa fille a pris le contre-pied et applique des élevages plus nuancés. Malgré tout, les vins de son négoce restent moyennement convaincants par leur déficit de personnalité et appellent à une certaine prudence…
Côtes-du-rhône-villages Laudun, Domaine Pelaquié, 6€49 *
Petite pépite en côte du Rhône adoubée par le label monoprix gourmet, le domaine Pélaquié façonne des vins opulents et charnus toujours animés par une très saine énergie interne. Aucune lourdeur dans ce vin qui flirte avec le 15 degrés ! Comme un rappel aux effarouchés des taux élevés d’alcool que la combinaison d’une plénitude fruitée avec l’acidité compte pour beaucoup dans la définition de l’équilibre.
Costières de Nîmes,Château de Nages, 8€49 *
Excellente propriété en Costières de Nîmes à l’origine des vins les plus charismatiques de l’appellation. À ne pas négliger !
Vins de France
Si cette catégorie constitue un formidable champ d’expérimentation pour les vignerons créatifs, elle recèle aussi son lot de vins marketés, à l’identité factice…
Sélection Antoine Dürrbach, 9€99, avec une certaine incompréhension, le vin du rejeton d’Eloi Dürrbach (Trevallon) avait été porté aux nues sur la foire aux vins de l’année dernière. Dénué de caractère et pénalisé par une désagréable mollesse en bouche, il ne parvient pas à faire honneur au prestige attaché au nom de Dürrbach.
Winerie Parisienne, 10€49 Parfait vin de bobo né du concept très à la mode du chai urbain qui assemble et tripatouille des jus de multiples origines pour lui donner une identité faussement parisienne. Vin attrape-nigauds n’ayant rien à dire…
Beaujolais et Bourgogne rouges
Méfiance sur les Beaujolais de gros volume produits par le château des Jacques en Morgon 12€59 (Jadot) et Mommessin avec son Fleurie (9€99). Privés de chair en raison de leurs déficits évidents de maturité, les vins secs et austères ne se montrent pas à la hauteur des bons standards qui ont fait la réputation de ces crus.
Concernant la sélection bourguignonne de Monoprix, les grosses maisons de négoce (Louis Jadot, Chanson, Jospeh Drouhin) sont aussi à l’honneur et la plupart proposent des vins en deçà des standards qualitatifs, raisonnablement attendus sur les appellations représentées. En particulier : la maison Chanson dont les vins souffrent singulièrement d’un manque de chair et de volupté ! Notre attention se porte sur les vins de négociants plus méticuleux dans le traitement du pinot noir comme le petit négociant de Beaune Aegerter** ( Chorey-lès-Beaune 21€99) et l’Auxey Duresses** de Jean Claude Boisset 20€99 .
Rouges de Loire
Coteaux du Giennois, Florian Roblin , 11€19 **.
Domaine en pleine ascension qui reste malgré tout de petite taille et s’applique à modérer les rendements de ses vignes. En rouge ,pinot noir gourmand et fluide, très expressif et s’offrant comme une judicieuse alternative à la Bourgogne. En blanc, Sauvignon effilé, friand et croquant, de belle facture !
Vins étrangers
Cette année encore, Monoprix montre une capacité à dénicher quelques joyaux en terre étrangère.
Garzòn, Tannat, réserve 2016. 11€89 **(*)
Le spectacle de l’impressionnante bodega à l’avant-garde de la modernité et à la pointe de l’intégration environnementale, suffit à démontrer la percée des vins uruguayens sur la scène internationale. La firme Garzòn a conquis sa réputation sur l’apprivoisement du tannat par des vinifications en cuves ciment et des élevages très doux en foudres de grande contenance. Tous les vins affichent une classe internationale avec une vraie prime à l’originalité et au dépaysement pour le tannat réserve.
Valpolicella Ripasso, Fattori Col de la Bastia 19€99 **(*)
Au sein du valpolicella, la mention ripasso propose un style concentré et musculeux de valpolicella. Et pour cause, la méthode de la repasse impose au vin fraîchement soutiré de la cuve une double fermentation sur les lies de l’Amarone, de sorte que le vin gagne en richesse de corps et en arômes. Cette technique inventée par la maison Masi était censée donner lieu à des Valpolicella d’élite, or elle a été un peu trop utilisée sans que les moûts ne soient en capacité de se confronter à une double fermentation. De fait La mention ripasso ne constitue pas un sésame obligatoire pour atteindre une grand qualité en Valpolicella. Pour autant, un bon ripasso montre un profil plein et structuré qui prend le contre-pied d’une production de vins dilués vouée aux trattorie touristiques de Venise. Avec ses notes intenses de cerise et sa superbe amplitude le Valpolicella de Fattori Col de la Bastia figure en modèle du bon ripasso.
Champagnes et autres effervescents
Monoprix récidive avec ses champagnes de grand caractère aux prix très compétitifs : JM Gobillard blanc de blanc 20.59€ (**) dans un style brioché très harmonieux ou bien le petit négoce de la maison Lombard avec son brut nature 28.49€ ** tout en fraîcheur et en pureté car débarrassé de la lourdeur du dosage.
Devaux, Œil de Perdrix, 23.89€ **
Dans le monde des champagnes rosés, la cuvée Œil de Perdrix de la petite maison auboise Devaux (Côte des Bar) occupe une place à part, due à cette robe rose pâle lumineuse qu’aucun autre champagne n’est en mesure d’arborer. Le secret de sa spécificité repose sur un temps de macération très précis qui parvient à capter une teinte rosée très légère et subtile. Marquée par un caractère acidulé, très vite relayé par des notes croquantes de fruits rouges, la cuvée œil de Perdrix se prédestine à l’éveil du palais sur le temps de l’apéritif. Champagne léger et subtil, la référence demeure une valeur sûre du champagne rosé à petit prix.
Blancs de Bourgogne
Les bourgognes blancs situés dans la sphère du Chablis constituent de belles affaires : le Saint-Bris de la maison Brocard 7.39€ * tire parti de la finesse aromatique du sauvignon gris. Quant au Bourgogne Chitry 9.59 € * ce terroir ultra pentu proche de Chablis, cousine sans complexe avec la minéralité des vins de son prestigieux voisin. L’aligoté de JC Boisset 10.49€ * redécouvre aussi les potentialités d’un cépage (la version dorée) mésestimé par l’odieuse édulcoration de la crème de cassis qui a fini par associer l’aligoté au kir.
Chablis grand cru, Domaine Long-Depaquit A Bichot, les Clos , 2016 ,39€99 ***
Le domaine Long-Depaquit racheté par la puissante maison Albert Bichot, produit les chablis les plus racés de l’appellation. Elle a élevé par sa rigueur la prestigieuse cuvée parcellaire la Moutonne au rang de joyau de l’appellation. Parmi les sept grands crus de Chablis, le cru les Clos bénéficie d’une aura supérieure, ses vins présentent plus de densité et d’intensité tout en montrant une incroyable tension. Ce vin peut certes se boire jeune mais il profitera allègrement d’une garde de 7 à 8 ans pour révéler des nuances tertiaires (champignon, truffe) qui ne se dévoilent qu’avec le temps… Très bonne affaire vendue 30% de moins que son prix normal.
Blancs de Loire et d’Alsace
Monoprix reconduit sa bonne sélection de muscadets avec le Clos du milieu de Luneau Papin 9€49 *et le cru communal de Monnières Saint Fiacre vinifié par le château du Coing 11€89 **qui laisse transparaître sous sa personnalité iodée ( nez de coquilles d’huîtres ) un jus cristallin aux nuances citronnées.
Riesling généreux et expressif chez l’un des papes de la biodynamie en terre alsacienne : Domaine Josmeyer 18€39**
Raphno
Foire aux vins Monoprix du 12 au 27 septembre 2018
Crédit photos : DR et Breizh-info.com
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