Un nouveau média a fait son apparition depuis quelques mois, et nous l’avions déjà évoqué : le Média pour Tous.
Ce média est dirigé par un journaliste loin d’être un inconnu pour nos lecteurs : Vincent Lapierre, ancien fer de lance du journalisme au sein du mouvement Égalité et Réconciliation, reconnu pour ses reportages de qualité, et pour ses enquêtes sur le terrain, y compris au prix d’une prise de risque qui lui a déjà valu des problèmes notamment avec l’extrême gauche.
Nous avons interrogé Vincent Lapierre sur Le Media pour Tous, et nous vous proposons également de découvrir ci-dessous quelques uns des premiers reportages de ce média.
https://www.youtube.com/watch?v=5NhbWn9ibSM
Breizh-info.com : Lors de la dernière interview que nous avions réalisée, vous étiez journaliste chez E&R. Aujourd’hui, vous volez de vos propres ailes. Pourquoi ce choix ?
Vincent Lapierre (Le Média pour Tous) : Par cohérence. Alain Soral le dit lui-même très bien : « Un journaliste est soit une pute, soit un chômeur ». Aller vers la voie de l’indépendance était logique, inéluctable. Et cela ne correspond pas du tout pour moi à une tentative de « dé-diabolisation », je ne m’attends pas à être bien reçu par les antifas à la prochaine manifestation de l’UPR! Ce n’est pas non plus une excuse que j’aurais trouvé pour me soustraire au traitement des sujets « importants » et verser désormais dans le « divertissement ». Pas du tout. Mes convictions et ma volonté sont les mêmes, voire renforcées car j’ai désormais une responsabilité directe envers ceux qui me financent.
https://www.youtube.com/watch?v=p9sjlhtJr2Q&t
Je pense simplement que mon message sera plus fort et plus audible en étant totalement indépendant. D’ailleurs, cette connexion directe entre le public et le reporter est à la base de ce que nous élaborons ensemble sur Internet : un journalisme renouvelé où le reporter est identifié, accessible, son mode de financement connu et ses allégeances transparentes. En l’occurrence, je suis financé directement par les Français pour travailler pour la France. Le mécanisme est simple et c’est toute sa force.
Breizh-info.com : Pouvez-vous nous présenter votre nouveau projet, Le Média pour Tous ?
Vincent Lapierre (Le Média pour Tous) : J’en suis pour l’instant le porte-voix, mais le Média pour Tous est avant tout un projet collectif, collaboratif, dont le but est de poser les bases d’un média français, capable de couvrir des événements sur le terrain en toute autonomie. Le projet repose sur le constat suivant : aujourd’hui en France, les médias de masse financés par les multinationales (relire La fabrication du consentement de Noam Chomsky) ont le monopole de l’information de terrain. Hormis Russia Today – qui est un média russe – et quelques courageux reporters (dont Breizh info !), rares sont les équipes offrant sur place une vision alternative des faits lorsqu’un événement se produit. Or cette information au contact du terrain est à la base de notre perception du monde. Elle est notre lien avec le réel. Bien sûr nous pouvons toujours interpréter les images des grandes chaînes de télévision et gloser à l’infini sur tel ou tel fait. Mais cela reste de la production d’information de seconde main.
Il faut résoudre ce problème – grave d’un point de vue démocratique – de dépendance à l’égard des flux d’information des grands médias. Et la solution est « simple » : c’est d’y être nous-mêmes, de montrer les faits, de poser les bonnes questions, de faire face physiquement aux événements. D’autant plus qu’en France, la profession de journaliste n’est théoriquement pas réglementée (contrairement à ce qu’affirment certains policiers qui « ignorent » la loi) ! Nous sommes tous légitimes pour prendre la plume ou saisir une caméra et devenir soi-même une source d’information.
Je dirais même que c’est plus qu’un droit : c’est un devoir que nous avons de combattre le monopole des médias de masse qui fait perdre à la démocratie toute sa substance. C’est aussi bien sûr une façon de combattre le label « Fake news » qu’on voudrait coller telle une étoile jaune aux médias alternatifs du Net. On pourra toujours dire que notre interprétation de ce qu’il se passe au dîner du CRIF est du complotisme, mais il est difficile de continuer à le dire quand on voit mon dernier reportage sur ce même dîner du CRIF. Une image vaut mille mots. L’idée du Média pour Tous est donc de parsemer la France de reporters-citoyens. Puisque le système veut nous désinformer, nous influencer ou nous cacher certaines choses, nous allons produire notre information nous-mêmes, financée par nous-mêmes. Voilà le projet.
https://www.youtube.com/watch?v=9uN6NK2E0J0
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui va changer par rapport à votre ancienne façon de travailler ?
Vincent Lapierre (Le Média pour Tous) : J’ai toujours travaillé de façon très autonome, donc ce qui va changer c’est surtout que les choses sont désormais plus claires : je suis seul responsable devant mon équipe, mes contributeurs et le public. Nous allons donc continuer à avancer en s’améliorant, en explorant d’autres pistes d’investigation, d’autres formats et d’autres sujets. Le Média pour Tous sera également un espace positif qui permettra de découvrir ou redécouvrir la beauté de la France et ce qui fait le génie français.
Concernant les sujets dits « sensibles », ils font partie de l’ADN de ce projet et je compte bien continuer à les traiter. Avec une meilleure organisation, je serai plus efficace et je pourrai peut-être même en faire plus ! En revanche, la diversification des thèmes de mes reportages est une stratégie que j’adopte depuis plus d’un an et qui fonctionne. Mépriser les sujets dits périphériques serait une grossière erreur. Les sujets « légers » permettent de toucher un public plus large et de mettre en perspective les sujets importants. Je ne cherche pas à travers mon travail à convaincre les convaincus, mais à aller vers « la France en sommeil », le « grand public », le peuple, l’alerter, lui faire prendre part au débat, sans le mépriser.
Par ailleurs, ces reportages sont aussi le témoignage d’une époque. Que font et qui sont les Français de la France de 2018 ? C’est une dimension à la fois sociologique et historique qui pourra être utile aux générations futures pour comprendre leur présent.
Breizh-info.com : Si vous deviez faire un premier bilan, avez-vous été suivi par vos fans ? En avez-vous séduit d’autres ? Comment faites-vous pour que ce soit viable économiquement ?
Vincent Lapierre (Le Média pour Tous) : Il est un peu tôt pour établir un premier bilan, mais oui, j’ai été suivi par une bonne partie de ceux qui me suivaient déjà, et même rejoins par d’autres. L’indépendance était le bon choix. Je dispose de bases suffisamment solides pour permettre au Média pour Tous de se développer sérieusement et sereinement (du moins autant que faire se peut !).
Quant au modèle économique, il est simple : les gens peuvent contribuer au Média pour Tous via le site lemediapourtous.fr (le site est en construction, il a été fait dans l’urgence…) ou via ma page Tipeee. Les fonds recueillis permettent de rémunérer une partie de mon équipe; car je m’appuie également, et heureusement, sur un solide noyau de bénévoles.
Bien sûr, nous sommes toujours à la recherche de personnes pour m’accompagner dans ce projet : stables, motivées et surtout travailleuses, c’est réellement ça la clé de voûte du projet. D’ailleurs, je lance un appel ici : toute personne qualifiée dans l’audiovisuel, la rédaction d’article, l’informatique, peut nous contacter à l’adresse [email protected] afin d’apporter sa pierre à l’édifice (sans mauvais jeu de mot !). Nous voulons créer un collectif capable de rivaliser avec les médias de masse. Rien que ça. Le projet est ambitieux mais n’est-ce pas Charles De Gaulle qui disait, en parlant de la France : « Nous pouvons et nous devons regarder loin et viser haut ! ».
Il est temps, pour nous le peuple, de prendre le diable par les cornes.
Breizh-info.com : Que prévoyez-vous sur l’année 2018 ? Votre tête étant désormais archi-connue, n’est-ce pas plus difficile de s’incruster dans certaines manifestations ou lieux dans lesquels vous n’êtes pas le bienvenu ?
Vincent Lapierre (Le Média pour Tous) : C’est certes de plus en plus difficile pour moi de réaliser un reportage, mais comme je le disais, je suis aussi de mieux en mieux organisé. On l’a vu lors de la manifestation anti-Macron où un barrage de gauchistes m’a empêché de continuer à faire des interviews (relayés par un commissaire divisionnaire dont on se demande encore ce qu’il faisait là). Six mois auparavant, ces gauchistes m’auraient bousculé car j’aurais été seul. Cette fois-ci ils ont hésité en voyant la détermination et le professionnalisme de mes gardes du corps. Je continuerai donc ces reportages à risque car parler à la gauche radicale est d’une importance cruciale.
https://www.youtube.com/watch?v=bDSq7WMrPXc&t=1s
Nous devons créer des ponts entre toutes les classes sociales, toutes les tranches d’âge, toutes les catégories politiques ou culturelles auxquelles les gens s’identifient. C’est un travail long, parfois périlleux, qui demande en permanence de sortir de sa zone de confort, d’aborder sans filtre des sujets et des gens différents, venant de tous bords, eux-mêmes plus ou moins enclins à la discussion, de faire en quelque sorte ce que pratiquait Socrate, la maïeutique, en cherchant à faire naître une vérité dans le dialogue ; c’est un travail difficile mais c’est au fond le seul qui compte vraiment : montrer que par delà les clivages qu’on nous impose, nous avons un intérêt commun. Cela peut paraître naïf mais j’y crois. Mon père me disait souvent dans mon enfance : « un problème dont on parle est déjà à moitié résolu ». J’applique en quelque sorte cet adage dans mes reportages. On se diabolise, on se déteste ? Eh bien parlons-en, parlons franchement de ce qui nous sépare. Alors peut-être comprendrons-nous que rien n’est irréconciliable. Le mot « média » prend ici tout son sens : je fais de la médiation.
Et puisqu’il s’agit d’une médiation à vertu pédagogique qui s’adresse au plus grand nombre, nous devons faire un effort soutenu pour que la forme parle au grand public tout en gardant notre fond subversif. En faisant cela, je n’édulcore pas mon message, bien au contraire, je lui donne plus d’impact. Comme par exemple les vidéos pédagogiques que j’ai réalisées (et que je vais bien sûr continuer à faire) et qui ont souvent dépassées le million de vues sur les réseaux sociaux. J’ai donné des cours à la faculté et je crois beaucoup dans cette « pédagogie de l’électrochoc » que j’ai éprouvée : court, percutant, construit, clair. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », voilà l’effort que doivent faire ceux qui veulent convaincre. Dans la maîtrise du verbe et du discours se trouve une partie de la solution à la situation dans laquelle nous nous trouvons.
https://www.youtube.com/playlist?list=PLpOC6VrNzLHMbBhGhuJtQuFdqr4aSRMi3
Car c’est avant tout par le verbe qu’on nous domine. Nous devons donc collectivement reprendre le micro des mains de ceux qui le tiennent depuis trop longtemps. Eux appellent cela du « populisme ». Moi je dis que c’est la responsabilité de chacun que de se lever et savoir dire ce que nous avons à dire. Que nos mots résonnent et essaiment. Le Média pour Tous a aussi pour rôle de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas.
Un auteur que j’aime beaucoup, Romain Rolland, écrit dans son roman Jean Christophe cette phrase, qui pourrait être le cri de ralliement du Média pour Tous :
« La Patrie est en danger, notre Patrie européenne, – et plus que toutes, la vôtre, votre petite patrie française. Votre apathie la tue. Elle meurt dans chacune de vos énergies qui meurent, de vos pensées qui se résignent, de vos bonnes volontés stériles, dans chaque goutte de votre sang qui se tarit, inutile… Debout ! Il faut vivre ! Ou si vous devez mourir, vous devez mourir debout. »
Vincent Lapierre le 15 septembre 2018
Pour devenir contributeur du Média pour Tous : https://lemediapourtous.fr/participez/
La chaîne YouTube du Média pour Tous : https://www.youtube.com/c/lemediapourtous
Crédit photo : DR
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