Au Danemark, les sociaux-démocrates sont désormais opposés à l’immigration extra-européenne. Au point de considérer le Parti libéral au pouvoir comme trop laxiste sur le sujet.
Les temps changent au Danemark
Longtemps cité en exemple par la gauche française pour leur « modèle social », les pays scandinaves connaissent actuellement de profonds changements sur leurs scènes politiques respectives. Après les élections législatives suédoises et la montée en puissance des Démocrates de Suède, parti hostile à l’immigration et qui a fait couler tant d’encre ces dernières semaines, parlons à présent du cas du Danemark.
Un Danemark où Emmanuel Macron n’a pas manqué de digresser sur la question identitaire lors de sa visite il y a quelques semaines. Il avait alors considéré les Danois comme un « peuple luthérien » ouvert aux « transformations de ces dernières années ». À croire que le président français avait jugé un peu à la hâte le contexte local.
Ainsi, à l’instar de la Suède et même de l’Allemagne voisine, la question des migrants, devenue prépondérante depuis 2015, est en passe de bouleverser le jeu politique traditionnel. Et oblige les partis à prendre position sur le sujet.
Sociaux-démocrates : opposés à l’immigration
Au Danemark, les progrès électoraux du Parti du peuple danois, résolument opposé à l’immigration extra-européenne, ont alors contraints les autres formations politiques à réagir sur ce point.
Bousculés dans leurs certitudes idéologiques, les sociaux-démocrates (regroupés au sein du parti Socialdemokraterne) ont ainsi résolument changé leur fusil d’épaule face à la menace d’un grand coup de balai électoral.
Désormais, la chef de file de la Social–démocratie (traduction littérale du nom de la formation), Mette Frederiksen, est une partisane de la réduction du nombre de « non-Occidentaux » à entrer au Danemark. Loin, très loin, du logiciel idéologique d’un Parti socialiste français. encore englué dans les années 1980. Pour ne citer que lui.
Burqa et aides sociales
Par ailleurs, il est un autre sujet sur lequel les sociaux-démocrates danois ont revu leur position. Alors que le port de la burqa est interdit au Danemark depuis le 1er août dernier, la Social-démocratie, malgré le fait qu’elle se trouve dans l’opposition, s’est prononcée favorablement à cette interdiction.
Le gouvernement danois n’a d’ailleurs pas lésiné sur les mesures pour tenter de mettre fin à ce qu’il nomme des « ghettos ». Au cœur de ces quartiers à forte majorité de populations extra-européennes, les parents sont désormais obligés par la loi de placer leurs enfants en crèche au minimum 25 heures par semaine. Une politique drastique dont le but est de forcer à la transmission de la culture et de la langue danoises. En cas de refus, les parents en question se voient alors privés des aides sociales.
Loin d’émettre de quelconques réserves sur ces mesures que les observateurs français pourraient objectivement jugées comme relevant d’une « certaine fermeté », les sociaux-démocrates ont même « essayé de négocier pour que ce soit plus draconien », a déclaré Mattias Tesfaye, porte-parole du parti en charge de l’immigration et de l’intégration. Avant de surenchérir : « Nous pensons que le gouvernement a été laxiste sur ce point ».
Si la gauche française semble avoir perdu le Nord depuis bien longtemps sur cette question majeure de l’identité et de l’immigration, elle perd, avec le Danemark, l’un des totems auxquels elle aimait tant se raccrocher. Et ferait mieux de méditer sur l’expression « S’adapter ou mourir »…
Crédit photo : Pixabay (CC0)
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