Nouvelle menace sur la navale à Saint-Nazaire ? Un interminable feuilleton

Les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire ont repris leur nom historique perdu en 2006 lors du rachat de l’entreprise par le groupe norvégien Aker Yards qui les renomma STX France. Ce groupe fut racheté deux ans plus tard par une société  sud coréenne . Mais en 2016 celle-ci, criblée de dettes, fut obligée de mettre en vente sa filiale nazairienne pour éviter la faillite.

Après une laborieuse négociation c’est le groupe italien Fincantieri seul candidat à la reprise qui réussira à mettre la main sur les chantiers nazairiens. Face aux inquiétudes d’une possible fuite du savoir-faire, en particulier en Chine très liée avec le groupe italien, un accord est finalement trouvé début avril 2017 avec l’État français, qui envisageait une nationalisation  transitoire de l’entreprise. La négociation prévoyait que Fincantieri disposerait d’environ 48 % du capital des Chantiers de l’Atlantique, l’État français en conservant un tiers.

Dès son élection Emmanuel Macron annonçait son intention de renégocier un nouvel accord avec Fincantieri. En juillet 2017, le nouveau gouvernement  annonçait une nationalisation temporaire de STX France afin de « défendre les intérêts stratégiques de la France », après l’échec des discussions avec le groupe italien Fincantieri. Celles-ci aboutirent pourtant 2 mois plus tard.

Ce n’est que le  11 juillet dernier que  la nationalisation par le gouvernement français a pris effet. L’État français ( 84,3%) Naval Group( ex DCNS pour 11,7%) , la COFIPME (entreprises locales : 1,6%) et  les salariés (2,4%) entrent au capital de  STX France qui redevient les Chantiers de l’Atlantique. Cette nationalisation n’est que provisoire en attendant les conclusions des autorités de la concurrence selon l’accord définitif signé avec les Italiens. Le 1er août dernier, à Rome, Bruno Lemaire ministre de l’Économie se félicitait de la « solidité » de cet accord.

Mais le 28 août l’industriel italien annonçait son engagement dans un accord de coopération quasi universelle avec la compagnie chinoise China State Shipbuilding Corporation CSSC sur l’ensemble des segments de la construction navale civile. Cela n’a rien de rassurant pour l’avenir de ce secteur en Europe en particulier en France.

Le seul homme politique à faire part de son inquiétude a été Jean Goychman, président du groupe Rassemblement national au conseil régional, dénonçant : « l’invraisemblable feuilleton dû à la volonté du gouvernement mis en place par Emmanuel Macron après son élection,l’ entêtement incompréhensible de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, afin d’aboutir à un partage 50/50 avec Fincantieri qui prenait néanmoins le contrôle de STX grâce au 1 % supplémentaire des parts louées par l’État français, tout en rajoutant de surcroît Naval Group (ex-DCNS et hautement stratégique pour le naval militaire) afin de créer « un Airbus de la navale ». Cette idéologie d’une Europe intégrée par tous les moyens et à n’importe quel prix a conduit à faire n’importe quoi. Plutôt que de faire face à la réalité et de saisir une opportunité heureuse qui permettait de reprendre à un prix très faible le contrôle intégral de STX France, entreprise qui fonctionne très bien d’une façon autonome depuis plusieurs années (…) le Gouvernement veut maintenir coûte que coûte son projet de prise de contrôle par Fincantier ». Il rajoute : « il serait bon que ce gouvernement se rappelle de temps en temps que cette entreprise appartient d’abord et avant tout au peuple français, et que celui-ci n’a pas donné de mandat à qui que ce soit pour qu’elle soit englobée dans un conglomérat sino-italien dans lequel elle disparaîtrait rapidement. Laissons les Chantiers de l’Atlantique construire des navires au bord du même océan où ils sont nés ».

Le carnet de commandes du chantier naval nazairien est plein pour plusieurs années, 2900 salariés y travaillent directement auxquels s’ajoutent 8000 employés par les sous traitants. Parmi les syndicats, seule Force Ouvrière est montée au créneau, s’inquiétant des répercussions de cet accord sur l’avenir des chantiers et des possibles transferts de technologie y compris militaires à la Chine : « Fincantieri semble ne plus avoir de limites, quelle sera la prochaine étape », s’interroge-t-elle ?

Silence de la CGT, la CFDT et Solidaires … qui semblent  beaucoup plus préoccupés par le devenir des migrants africains du square Daviais à Nantes.

 

Photo : Loïc LHH /Wikimedia (cc)
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