Ce qui devait arriver arriva. Connaissant une succession difficile depuis sa reprise au début de l’année, l’épicerie de Saint-Omer de Blain ferme définitivement fin septembre. Selon nos informations, le repreneur y a perdu son investissement, et même un peu plus – la mairie de Blain aurait même refusé de racheter le matériel, estimé à 10.000 € par le tenancier. Le commerce brade actuellement une grande partie de son stock.
« Ce n’est pas étonnant, il a été boycotté par le village », relève un habitant. « Pas du coin, pas en couple, pas bavard comme Pascale [la précédente épicière, qui l’a tenu 18 ans], pas Pascale aussi », juge avec justesse un autre, qui y est « allé une fois en six mois. Ce sont les mêmes locaux, les mêmes prix, mais pas du tout la même ambiance ».
D’autres s’interrogent : « est-ce qu’une épicerie est encore viable à long terme, même si quelqu’un se fait donner le local par la mairie et réussit à récupérer à bas prix le matériel [un four, une rôtissoire, des vitrines réfrigérées, des congélateurs, une billig, des rayonnages…] C’est qu’on est trop près de Blain et le village a changé ».
En un quart de siècle, la sociologie et la population du village ont fortement changé et l’offre commerciale de Blain – un Lidl, deux centres commerciaux, sans oublier les commerces du bourg – s’est fortement développée. « Ceux qui sont d’ici savent ce qu’il se passe, et ceux de l’extérieur savent dans quelles conditions ça s’est passé – c’est-à-dire que le repreneur de l’épicerie n’a pas été accepté localement, par manque d’ouverture d’esprit surtout et a été boycotté, à commencer par ceux qui trouvaient toutes les excuses aux zadistes quelques mois auparavant et donnaient des leçons d’ouverture d’esprit. Qui risquera de reprendre le commerce dans ces conditions ? », se demande un autre habitant.
« Ça me fait ch*** d’aller chercher mon pain à 10 km à cause de la connerie de quelques-uns ! », tempête une habitante. « La fermeture de l’épicerie pénalise tout le monde, à commencer par les anciens », résume un autre. « Peut-être que quand le café fermera, ou l’école sera menacée, maintenant tout le monde s’en fichera aussi », s’inquiète-t-il. Et dire qu’à la toute fin des années 1990 le bourg était venu au secours de l’école… à l’époque, Saint-Omer avait trois piliers, l’école Sainte-Philomène, le café, l’épicerie. Temps définitivement révolu.
Louis-Benoît Greffe
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