À peine en poste au Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet prend clairement position pour l’accueil des migrants dans l’UE.
Michelle Bachelet, du Chili à l’ONU
C’est un nouveau Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies qui ne passe pas inaperçue. Michelle Bachelet n’est effectivement pas une inconnue sur la scène politique internationale. Alors qu’elle vient succéder au jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein à ce poste de l’ONU, Michelle Bachelet était encore la présidente du Chili il y a moins de six mois.
Cette femme de 66 ans, membre du Parti socialiste du Chili, a été à la tête de l’État une première fois, de 2006 à 2010. Elle effectuera alors un premie passage à l’ONU en ocupant les fonctions de directrice exécutive de l’ONU Femmes de 2010 à 2013. De nouveau élue présidente du Chili en 2014, son second mandat tourne au désastre avec un taux d’impopularité record et une situation économique fortment dégradée dans le pays. De plus, une série de scandales de financement occulte de la politique éclatent en 2015 et lui font quitter la présidence par la petite porte en mars 2018.
Autriche et Italie dans le viseur
Fraîchement nommée à son poste à l’ONU aux droits de l’homme le 10 août dernier, Michelle Bachelet n’a pas mis longtemps avant de signifier son intention de s’ingérer dans les affaires de certains États européens. Et plus particulièrement les États ayant manifesté une certaine défiance quant à l’accueil des migrants extra-européens.
Tandis que le chancelier Autrichien Sebastian Kurz et le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini ont adopté des politiques plus fermes sur ces questions migratoires, Michelle Bachelet a déclaré que « donner la priorité au retour des migrants d’Europe, sans garantir le respect des principales obligations internationales en matière de droits humains, ne peut être considéré comme une mesure de protection ».
Ainsi, Michelle Bachelet a annoncé lundi 10 septembre son intention d’envoyer des équipes en Italie et en Autriche pour « évaluer les récents développements dans ce domaine ».
Michelle Bachelet et racisme italien
De plus, Michelle Bachelet a « également l’intention d’envoyer du personnel en Italie pour évaluer la forte augmentation signalée des actes de violence et de racisme contre les migrants, les personnes d’ascendance africaine et les Roms ». Sans donner davantage de précisions sur les dates de ces visites.
Par ailleurs, le Haut-Commissaire demande à l’Union européenne de mettre sur pied une opération de recherche et de sauvetage dédiée aux individus traversant la mer Méditerranée.
En clair, si d’éventuels doutes pouvaient persister sur la position de l’ONU à propos de l’arrivée de migrants en Europe, les dernières déclarations de Michelle Bachelet sont sans équivoque. Et les pays européens refusant cette immigration vont avoir, en plus de la Commission européenne, les Nations Unies sur le dos !
Sebastian Kurz et Matteo Salvini répliquent
En réponse, le chancelier Sebastian Kurz s’est félicité de l’annonce de Michelle Bachelet, qui offre selon lui « l’occasion de rectifier les préjugés et les fausses informations délibérées sur l’Autriche », dixit l’Agence de presse autrichienne. L’homme en a profité pour rappeler que « les conditions de vie des migrants » en Autriche sont parmi les meilleures au monde et a ajouté que son pays avait accueilli un nombre de migrants par habitant parmi les plus élevés d’Europe.
Enfin, non sans ironie, Sebastian Kurz s’est inquiété de l’énergie dépensée par l’ONU pour cette future enquête sur les pratiques autrichiennes : « Nous espérons qu’après cet examen, l’ONU aura à nouveau du temps et des ressources à consacrer aux pays où la torture et la peine de mort sont à l’ordre du jour et où la liberté d’opinion, de presse, de réunion et de religion sont bafouées ». Une critique faisant référence aux pratiques bien en cours dans certains États adhérents des Nations Unies.
Quant à Matteo Salvini, il a répondu vertement à Michelle Bachelet dans un communiqué : « Ces dernières années, l’Italie a accueilli 700.000 immigrés, dont beaucoup de clandestins, et n’a jamais reçu d’aide des autres pays européens. Donc nous n’acceptons de leçons de personne, et encore moins de l’ONU ». Le ministre de l’Intérieur est même allé jusqu’à remettre en cause les fonds italien à l’ONU.
Michelle Bachelet et l’Internationale socialiste
Pour conclure sur cette passe d’armes entre deux visions antagonistes de la politique migratoire européenne, il n’est certainement pas inutile de rappeler le point de vue forcément partisan de Michelle Bachelet compte tenu de sa carrière précédente et ce, malgré la relative neutralité que devraient lui imposer ses nouvelles fonctions.
Ce que n’a pas manqué de faire Sebastian Kurz en déclarant que les contrôles à venir en Autriche sont ordonnés par une « ancienne politicienne socialiste » qui est par ailleurs « membre de l’Internationale socialiste ». Un rappel qui incite à prendre du recul sur les intentions de la nouvelle Haut-Commissaire aux droits de l’homme. l’ONU
Crédit photo : Flickr (CC BY SA 2.0/UK DFID)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine