Une drôle de date anniversaire. Voilà 40 ans jour pour jour que la commune de Plogoff, dans le Cap Sizun, tout au bout du bout du monde, était désignée par le Conseil économique et social comme lieu d’implantation d’une centrale nucléaire.
Un 12 septembre 1978 qui marquait le début d’une lutte dont l’État français avait sans aucun doute sous-estimé la difficulté. Ainsi, c’est une mobilisation d’une ampleur et d’une détermination toujours dans les mémoires quatre décennies plus tard qui se mettra alors en place.
Une lutte intense à la Pointe du Raz
Par la suite, le 29 novembre 1978, le Conseil général du Finistère valide de son côté la construction de la centrale nucléaire de Plogoff en votant pour à 28 voix contre 17. C’est le 31 janvier 1980 que l’enquête d’utilité publique sur l’implantation de la centrale débute à Plogoff. La veille, tandis que la mairie reçoit les dossiers attenant à cette enquête, les documents sont brûlés dans la foulée devant le bâtiment.
Une enquête publique qui sera rythmée par les nombreuses manifestations qui se succèdent durant la fin de l’hiver et le printemps 1980. La population locale et des soutiens venus d’un peu partout affrontent régulièrement et violemment les CRS. Lors de son élection le 10 mai 1981, le nouveau président de la République François Mitterand décide d’abandonner ce projet nucléaire à la pointe de Bretagne.
« Plogoff, des pierres contre des fusils »
L’épisode de Plogoff a ainsi fait date car le combat mené dans la petite commune contre l’État et ses forces de l’ordre pour empêcher un projet nucléaire aux lourdes conséquences pour l’environnement du Cap Sizun a été remporté par les opposants à la centrale. Une victoire qui inspirera bien d’autres luttes par la suite, dans l’Hexagone comme en Europe.
Mais, de ces journées de mobilisation et d’affrontement, il reste aussi un film documentaire devenu culte avec le temps : Plogoff, des pierres contre des fusils. Un long métrage réalisé en 1981 par Nicole et Félix Le Garrec, présents sur place et subjugués par l’ampleur des manifestations contre cette centrale nucléaire. Une vie en immersion durant deux mois dans ce Plogoff en état de guerre, où Bretons déterminés à préserver leur site et gendarmes mobiles parfois équipés de blindés se livrevront bataille.
Le film ne recevra par ailleurs aucune aide financière pour sa production mais connaîtra malgré tout un succès en salle avec près de 250 000 entrées. Voici donc une bonne occasion de le revisionner pour se replonger dans le contexte de l’époque. Et pour se rappeler que, si la Pointe du Raz est, aujourd’hui encore, un site exceptionnel, les « combattants de Plogoff » de 1980 n’y sont pas pour rien !
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