Les deux géants des réseaux sociaux, Facebook et Twitter, ne vont pas s’implanter en Chine. Pour le moment. Décryptage entre morale et business.
Pour Facebook, une question de « valeurs »
La nouvelle est tombée le 5 septembre dernier. Les dirigeants de Facebook et Twitter ont alors déclaré devant une commission du Sénat américain qu’ils n’avaient aucun plan immédiat pour s’implanter en Chine. Parmi les raisons invoquées, c’est visiblement une question d’éthique qui freine la volonté de développement : « Pour aller en Chine, il nous faudrait pouvoir garder nos valeurs et ce n’est pas possible à l’heure actuelle », a ainsi expliqué la directrice de l’exploitation de Facebook (et numéro deux du groupe), Sheryl Sandberg.
Une annonce qui contraste avec les visites à répétitions en Chine et les clins d’oeil appuyés du directeur général de Facebook Mark Zuckerberg.
« D’autres priorités » pour Twitter
Même résignation en ce qui concerne Twitter, l’autre réseau social américain majeur. Devant cette même commission, le PDG de la firme Jack Dorsey a lui aussi signifié qu’il n’envisageait pas de développer ses services en Chine. « Quand nous avons été bloqués, nous avons décidé que ce n’était pas un combat qui valait la peine d’être disputé pour l’instant, et nous avions d’autres priorités », a précisé le patron de Twitter.
Rappelons que le gouvernement chinois bloque l’accès à Facebook et Twitter depuis 2009. Des mesures qui s’inscrivent dans un plan nommé « Grande Muraille électronique » et dont le but est de filtrer les contenus accessibles aux internautes chinois afin de les empêcher d’accéder aux informations émises par les « dissidents ».
Google s’accommoderait de la censure ?
Du côté de Google, l’incontournable moteur de recherche envisagerait de se développer en Chine avec une version qui serait compatible avec les exigeances des autorités de Pékin. En clair, qui s’accomoderait de la censure en vigueur dans le pays. De quoi soulever des inquiétudes parmi les employés de Google et les militants des droits humains. Des allégations que la société n’a toujours pas commenté officiellement.
Quant à cette éventuelle arrivée sur le marché chinois, 14 associations ont d’ores et déjà rédigé une lettre ouverte dans laquelle elles affirment que cela « représenterait une capitulation alarmante de Google concernant les droits de l’homme ». Parmi les signataires, se trouvent Reporters sans frontières, Amnesty International ou encore Human Rights Watch.
En définitive, il n’est pas certain que Facebook, Twitter et Google résistent encore très longtemps au chant des sirènes du marché chinois malgré les arguments moraux avancés. Avec près de 772 millions d’utilisateurs (soit 55,8 % de la population), la Chine est tout simplement le premier pays du monde en nombre d’internautes.
Un gros gâteau potentiel qui pourrait bien valoir quelques compromissions. D’autant que la censure est une discipline dans laquelle Facebook notamment dispose déjà d’une certaine expérience !
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