Vélos dans les TER : la région administrative Bretagne y arrive-t-elle ?

Va-t-on vers la fin des vélos dans les TER ? La région Bretagne semble s’employer en tout cas à tout faire pour décourager les clients de prendre leur vélo dans le train. Ce 2 septembre, le TER qui rentrait de Quimper sur Rennes et Nantes – les deux premiers éléments partent à Redon pour Rennes, le dernier va à Nantes – avait de belles hermines soulignées par des LEDS dans les rames, mais seulement trois emplacements vélos pour une douzaine de vélos embarqués et coincés ça et là, en équilibre souvent instable.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul – le 24 août, un autre TER dans le sens inverse sur la même ligne avait trois emplacements vélo pour sept vélos entassés dans deux entrées. « On n’a plus le matériel pour les gérer et notre direction en fait le moins possible », relève un contrôleur, tandis qu’un passager s’exclame, « ça vaut bien la peine de faire la pub du vélo sur l’Interloire [ligne Orléans – Nantes] ou de parler de multimodalité ! ».

Curieusement, les matériels anciens laissaient plus de place au vélo : mis à part les TER 2N (Z23500) avec leurs cinq accroche-vélo, les matériels les plus récents laissent peu la place au vélo : trois pour les Z21500 sur la plateforme, et deux à peine dans les Coradia Liner qui remplacent les Corails, tenus par des sangles. « Et encore, les porte-vélos où on les accroche verticalement ne sont pas adaptés pour les vélos électriques – trop lourds – ou ceux qui sont chargés de valises ou de sacoches », relève un usager habitué de la ligne Nantes – Quimper.

« Dans le temps, nous avions des fourgons Corail, où on empilait les bagages, mais aussi les vélos », se souvient un contrôleur. Sur les Corails, il y a aussi deux crochets de boucher, à l’extrémité des voitures, pour accrocher des vélos, voire des fourgons à vélo – souvent assez malcommodes – aménagés dans d’anciens compartiments, dans les diverses voitures Vu à compartiments.  Plus abouti, sur l’Interloire il existe quatre fourgons vélos (B5Dd²ux) aménagés pour recevoir 20, puis 37 à 40 vélos, en service l’été depuis 2011.

« La direction de la SNCF n’aime pas les vélos, pas plus que les responsables qui s’occupent des transports ferroviaires en Bretagne – c’est un peu moins mauvais en Pays de Loire et Centre à cause de l’interloire », relève un contrôleur. « Puis on ne sait plus les gérer. Il y en a de plus en plus, avec des groupes notamment – on va se retrouver avec 10 voire 15 vélos sur la ligne de Quimper pour le Golfe ou sur la ligne de Saint-Malo, mais aussi des vélos électriques – c’est une nouvelle clientèle, et les porte-vélos ne sont pas faits pour ces vélos ».

Sans oublier « ceux qui prennent le train tous les jours et qui emmènent aussi leur vélo, soit pour rejoindre la gare, soit pour aller à leur travail voire les deux ». Face à l’afflux, « on a l’impression que ceux qui composent les trains découragent les usagers de venir avec leur vélo, notamment parce que l’afflux de vélo allonge l’embarquement et donc perturbe la ponctualité », constate-t-il.

Il poursuit : « Donc il y a le minimum d’emplacements – ce qui permet en théorie de refuser tous les vélos surnuméraires par rapport aux emplacements disponibles –, des trains trop courts et même des emplacements sur les plateformes transformés en porte-bagages, ou avec des sangles. Les usagers ne sont pas contents, et nous on ne cesse de signaler que la composition des trains n’est pas adaptée, mais on n’est jamais écoutés ».

Pour le contrôleur, « il faudrait au contraire répondre au défi – pour la plupart, ce sont des clients qui n’auraient pas pris le train, par exemple pour venir en vacances, ou pas aussi régulièrement pour les habitués ». Il esquisse deux solutions : « des trains plus longs avec plus d’emplacements, ou tout simplement développer des véhicules ou des éléments dédiés au vélo, comme cela a été fait sur l’Interloire l’été ».

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR
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