Le Foll de Berrien (PS), hollandais historique et accessoirement maire du Mans, a la mémoire courte. Macron « n’est plus porté par le souffle de l’élection présidentielle, ni par la bonne croissance de 2017 », déclare-t-il (Le Figaro, lundi 20 août 2018). Exact. La cote du chef de l’État n’a en effet jamais été aussi basse. Seulement 31% des Français sont satisfaits de son action, selon un sondage réalisé pour Paris Match et Sud Radio. Une baisse de 10 points par rapport à juillet, moins que Hollande à la même époque de son mandat. Ce résultat calamiteux n’est sans doute pas étranger à l’affaire Benalla, à la démission de Hulot et à la valse hésitation sur la mise en place du prélèvement d’impôt à la source.
Un professionnel de la politique
Stéphane Le Foll a été élu député du Mans (Le Mans Ouest, Sablé-sur-Sarthe), en juin 2017, avec 54,91% des suffrages exprimés au second tour, muni de la casaque PS ; certes, l’Élysée lui a fait un petit cadeau : il n’y avait pas de candidat LREM contre lui, comme Manuel Valls à Evry. La carrière de Le Foll est celle d’un professionnel de la politique : cinq ans ministre de l’Agriculture, trois ans porte-parole du gouvernement, huit ans eurodéputé et dix ans directeur de cabinet de François Hollande, lorsque ce dernier dirigeait le PS ; il a même essayé de prendre la direction du parti mais il fut sévèrement battu par Olivier Faure le 15 mars dernier, lors du premier tour des élections au poste de premier secrétaire.
« Stéphane Le Foll vise la mairie du Mans comme un lot de consolation après avoir raté la direction du PS»
Mais l’homme de Berrien possédait une position de repli : conseiller municipal du Mans. Après le décès du maire PS, Jean-Claude Boulard, il est parvenu à s’emparer du fauteuil (14 juin 2018). « Stéphane Le Foll vise la mairie du Mans comme un lot de consolation après avoir raté la direction du PS, tranche un camarade socialiste sarthois. Les dossiers importants de la ville ne l’ont jamais intéressé. Sur la cinquantaine de derniers conseils municipaux, on a dû le voir à deux ou trois reprises, sans qu’il reste forcément jusqu’au bout. » (Le Canard enchaîné, 13 juin 2018).
Ce qui est intéressant avec Le Foll de Berrien c’est qu’il ne doute de rien. Son poids politique lui paraît considérable : « Avec la reconnaissance que j’ai au niveau national et international, je vais faire du Mans un lieu où on va pouvoir faire venir des gens » (Le Maine libre, lundi 18 juin 2018). Déclaration amusante lorsque l’on sait qu’il n’existe même pas dans les 34 personnalités politiques du baromètre Ipsos/Le Point. Et seulement 13% des personnes interrogées souhaitent « lui voir jouer un rôle important dans les mois et les années à venir » (Kantar Sofres, Le Figaro magazine, 6 juillet 2018).
Le Foll la joue modeste
Pour l’instant, Le Foll la joue modeste, semblant renoncer à ses ambitions nationales : « Je suis élu pour conduire les affaires de la ville jusqu’en 2020. C’est une mission et il n’y en a pas d’autres. » (Ouest-France, vendredi 15 juin 2018). Fort bien, mais si, en 2020, année des prochaines élections municipales, la situation devenait difficile pour lui, rien ne lui interdit de se replier en Bretagne, dans la commune où se trouve sa maison familiale. Après avoir succédé à Jean-Claude Boulard au Mans, il pourrait succéder à Paul Quéméner, à Berrien. La boucle serait bouclée.
Bernard Morvan
Crédit photo : Parti socialiste/Flickr (cc)
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