Le gouvernement réfléchit actuellement à supprimer le numerus clausus, cette sélection qui se fait à la fin de la première année de médecine.
Une annonce qui suscite des réactions, dont celle de ReAGJIR, le syndicat des jeunes généralistes, qui appelle de ses vœux une véritable refonte des études incluant la suppression du numerus clausus.
Entré en application en 1972, le numerus clausus avait pour but de réguler l’afflux d’étudiants, tant pour ne pas dépasser les capacités de formation des facultés que pour adapter le nombre de professionnels aux besoins de la population. Qu’en est-il aujourd’hui ?
- Le nombre de candidat admis en 1972 était de 8588 contre 8205 en 2018, avec un point bas en 1993 à 3500 étudiants seulement. Or, la population a crû (+ 16 millions entre 1970 et 2018) et les besoins de santé également. Non seulement le numerus clausus n’a pas rempli son objectif de régulation, mais surtout son application stricte conduit à la pénurie actuelle de médecin.
- La reconnaissance des diplômes au sein de l’Union Européenne rend ce concours totalement inutile, puisqu’aujourd’hui, un nombre important d’étudiants français choisissent de se former à l’étranger et d’exercer en France. En 2016, plus de 10% des nouveaux inscrits à l’Ordre des médecins avaient un diplôme de l’Union Européenne.
Une suppression qui ne résoudra rien à court terme pour la démographie médicale
« Sachant que l’on met en moyenne 10 ans à former un médecin et que le numerus clausus a déjà été relevé, nous commencerons seulement à voir à nouveau augmenter le nombre médecins à partir de 2025 environ. Le problème, l’urgence, c’est maintenant : avec une population croissante, vieillissante, de plus en plus atteinte par des polypathologies, l’accès aux soins dans les 10 années à venir est une vraie préoccupation des Français. Supprimer le numerus clausus n’y changera rien. », explique le Dr. Yannick SCHMITT, Président de ReAGJIR.
« Ce sont plutôt les critères de sélection qu’il faudrait changer. Aujourd’hui les étudiants de première année sont sélectionnés sur leur capacité à retenir un maximum de choses en un minimum de temps et l’utilité d’un tel filtre est remis en question. », le Dr. Marie BROSSET, Porte-parole de ReAGJIR. « On pourrait le modifier en s’intéressant à des compétences différentes, comme le relationnel par exemple qui est au cœur du soin. Cela permettrait non seulement de prendre en compte les capacités humaines des futurs médecins mais aussi une sélection de profils plus variés. Une thèse en 2015 avait rapporté que les étudiants issus des milieux ruraux s’installaient ensuite plus facilement dans ces mêmes milieux. Peut-être cela permettrait-il une meilleure répartition naturelle sur le territoire français ? »
« De manière globale, nous pensons que les études de premier cycle d’aujourd’hui ne sont plus adaptés au métier de médecin sur le terrain. Nous attendons de voir concrètement ce que le gouvernement proposera, en espérant que les annonces ne se limitent pas à la disparition de ce totem », précise le Dr. SCHMITT.
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