L’été dernier, la Finlande découvrait quelques jours après la Catalogne (Barcelone, Cambrils) la terreur islamiste : un terroriste armé d’un couteau a poignardé huit personnes dont sept femmes dans la ville de Turku, faisant deux morts. L’enquête a permis de découvrir que l’auteur, Abderrahman Mechkah, marocain âgé de 18 ans seulement, s’était fait passer pour un palestinien pour obtenir l’asile, en vain. On aurait pu penser que les immigrés d’origine musulmane se seraient faits discrets après l’attentat, pas du tout : une radio arabophone, la première du pays, a été créée il y a huit mois et fait maintenant la Une.
Espoo FM a commencé à diffuser au début de l’année 2018, à raison de six heures par jour sur les ondes, mais aussi Facebook et YouTube, explique le journal finlandais Yle. Il indique aussi que la radio « déclare la volonté de favoriser l’intégration des immigrés arabophones dans la société finlandaise ». La chaîne donne des leçons de finnois aux auditeurs, explique la législation et les démarches administratives, comment faire ses courses, les nouvelles sociales… ou encore la canicule cet été.
Isra Said, présentatrice, a été moins politiquement correcte : « cette chaîne existe pour que les arabes qui vivent en Finlande se sentent chez eux ». La rédaction emploie 20 personnes et revendique 100.000 auditeurs par mois. En effet, « 30.000 immigrés sont arrivés en Finlande ces dernières années », explique Marcus Viljakainen pour Yle. Il enfonce le clou : « le nombre d’arabophones a doublé ».
La Finlande ne compte que 5.5 millions d’habitants, parmi lesquels (en 2015) 17.800 somaliens et 15.000 arabophones dont 10.000 irakiens. La plupart d’entre eux sont arrivés ces dernières années. Le gouvernement a mis fin en 2015 à la protection automatique dont bénéficiaient irakiens, somaliens et afghans dont les demandes d’asile ne sont acceptées que s’ils viennent des zones les plus menacées de ces pays.
Le regroupement familial a aussi été restreint. Un migrant doit prouver qu’il a les moyens de subvenir lui-même aux besoins de sa famille pour la faire venir. Près de 350 individus sont surveillés pour leur radicalisation islamiste, soit 80% de plus qu’en 2012.
Louis-Benoît Greffe
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