S’il y a une ligne des LILA (lignes intérieures de Loire-Atlantique), réseau qui est d’ailleurs maintenant géré par… la région et non le conseil général, qui est rentable, c’est bien la ligne 3. Prise d’assaut dès les beaux jours venus, la ligne Nantes-Pornic voit parfois six voire dix cars doubler celui qui est prévu pour faire une liaison, tant elle a du succès. Et pour cause : l’aller-retour ne coûte que 4.80 € (moitié moins au tarif réduit) contre 15 à 20 en train.
La fraude ? « essentiellement des petits jeunes, parfois issus de quartiers sensibles qui vont à la plage »
Pourtant cette ligne connaît un taux de fraude important. Selon un témoignage, ce serait lié notamment au profil de ses passagers, « essentiellement des petits jeunes, parfois issus de quartiers sensibles, qui vont à la plage ». Cela crée parfois des tensions avec des passagers pris en flagrant délit qui insultent les chauffeurs.
« C’est une ligne assez compliquée », reconnaît un chauffeur habitué de la ligne. « Je ne me laisse pas impressionner, j’appelle la police systématiquement quand je me fais insulter ou que le passager est sans billet et qu’il refuse de descendre. J’arrête et il a le choix : soit il descend, soit je ne bouge plus et j’appelle la police ; ça m’est arrivé une fois, une dame m’avait insulté et ce sont les gendarmes qui l’ont débarquée. Sinon, ils se débrouillaient avec les clients, je ne repartais pas ».
Quant à la fraude, une solution simple a été mise en place pour tenter de l’endiguer. « Il y a toujours quelqu’un en bas du bus pour canaliser la foule et tous les tickets sont vérifiés ». Il n’y a « pas de profil type du fraudeur, même si ça se voit plus chez les jeunes, la façon dont ils te regardent, dont ils serrent le ticket, et on fait moins attention aux retraités ». Record, « des tickets validés trois fois, quatre fois, là ils sont rentabilisés. Ça ne coûte que 2.40 et ils fraudent, pour aller claquer de l’argent à la plage. Dans ces conditions, je suis sans pitié ».
« Quand on te passe une carte sous le nez, impossible de vérifier qu’elle est valable. »
Quant aux cartes, « quand on te passe une carte sous le nez, impossible de vérifier qu’elle est valable. J’en ai eu une périmée de deux ans cette année. On a demandé à la région que les dates de validité soient écrites en plus gros, pour cette année c’est râpé, ça sera bon l’année prochaine normalement ».
Autre façon d’endiguer la fraude, vendre l’aller et le retour, « il y en a, ils ne me prennent que l’aller alors qu’ils rentrent le soir. C’est 100% qu’ils vont frauder au retour. Alors je leur vends l’aller et le retour, et bien souvent ils me sortent un billet de 20, comme quoi l’argent ils l’ont ».
Quant aux excuses des fraudeurs, « elles sont toujours les mêmes. Le plus souvent ils disent qu’ils l’ont déjà composté à la TAN », les billets Lila étant valables 1 heure en correspondance sur le réseau TAN ou STRAN et deux heures sur le réseau Lila. Problème, le compostage à la TAN s’imprime en noir sur le ticket, sans les petites étoiles et la mention Lila. Celui du réseau Lila est rouge…
Louis Moulin
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