Le personnel des hôpitaux psychiatriques n’en peut plus. Les revendications lancées au printemps dernier devraient redoubler d’intensité à la rentrée.
Des grèves dans toute la France
Manque de personnel, patients plus nombreux et plus violents, parfois abandonnés, fatigue généralisée…les hôpitaux psychiatriques français se portent mal.
De nombreux soignants se mettent en arrêt maladie et les accidents du travail réduisent encore les effectifs. Ces constats figurent parmi les plaintes du docteur Richard Delorme, chef du service pédopsychiatrique de l’hôpital Robert Debré, à Paris, dans une lettre adressée à sa direction. Les causes ? La multiplication des patients et des agressions commises envers le personnel.
La crise ne touche pas que la capitale. A Bourges et Saint-Etienne, les infirmiers se sont mis en grève, comme en Bretagne, au Centre Hospitalier Guillaume Régnier de Rennes, entre novembre 2017 et janvier 2018.
A Amiens, en Picardie, ils en sont depuis quelques jours à leur troisième mois de protestation, employés et familles des patients s’opposant à la fermeture de différents services.
Avec l’énergie du désespoir, le personnel de l’hôpital du Rouvray, à proximité de Rouen, en Normandie, a obtenu ce qu’il désirait, c’est-à-dire la création d’une trentaine de postes d’infirmiers et d’aides-soignants. Il aura fallu pour cela passer par deux semaines de grève de la faim. De quoi donner des idées aux collègues du reste du pays.
De plus en plus de malades
On estime que plus de deux millions de Français ont été pris en charge pour des troubles psychiques en 2016, un chiffre en nette augmentation. Ceux-ci ne débouchent évidemment pas systématiquement sur une hospitalisation. La réponse de l’état paraît inadaptée, voire en rupture avec la réalité, puisque les trois-quarts des places permanentes disponibles dans les hôpitaux pour les malades psychiatriques ont été supprimées ces trente dernières années.
Un problème dont Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, semble consciente, puisqu’elle déplorait récemment « un manque d’investissement dans le domaine depuis des années ».
Si le président de la République Emmanuel Macron ne s’engage pas fermement sur la question lors de l’annonce de sa grande réforme du système de santé en septembre prochain, le mouvement de contestation pourrait être plus global et la lutte plus intensive.
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