On en sait plus sur l’attentat de Trappes, commis le 23 août au matin et qui a fait deux morts. Les victimes sont la mère et la sœur de l’auteur, Kamel Salhi, déjà connu pour apologie du terrorisme. L’État islamique a revendiqué l’attentat, mais l’État français est sceptique et continue à maintenir la thèse du « déséquilibré ».
L’État islamique a rapidement revendiqué l’attentat via son agence Amaq. Pour l’organisation terroriste, l’auteur a « perpétré cette attaque à la faveur des appels à cibler des ressortissants des pays de la coalition ». Cependant les victimes étaient en réalité sa mère et sa sœur. De quoi renforcer la thèse officiel du « déséquilibre » psychiatrique et du « différend familial ». La troisième victime, grièvement blessée, est une voisine de 66 ans.
D’autant qu’il est arrivé à Daech de revendiquer des attentats que l’organisation n’a pas commis, comme la tuerie de Las Vegas à l’automne dernier, ou une attaque dans un casino à Manille (Philippines) ; d’autres communiqués, qui se référent à des attaques réellement commises par l’organisation, sont truffés d’erreurs factuelles et d’inexactitudes. Le parquet anti-terroriste n’est pas saisi et c’est le parquet de Versailles qui enquête sur l’attaque de Trappes. Une ville paupérisée et multiethnique qui a fourni 50 combattants au djihad international, insiste le journal anglais The Telegraph.
Fiché S en 2016 pour apologie du terrorisme, Kamel Salhi, âgé de 36 ans, avait aussi « des troubles psychiatriques importants », selon le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb – ce qui n’est pas incompatible avec une radicalisation accélérée, bien au contraire. Son profil Facebook présente des contenus qui font la propagande du terrorisme islamique international.
Dépressif depuis la mort de son père il y a deux ans, il était addict à l’alcool et au cannabis et avait été interné à l’hôpital psychiatrique Charcot de Plaisir. Il a fait l’objet de trois procédures judiciaires, et a été condamné une fois en 2003 alors qu’il était militaire. Selon ses amis, il n’était pas connu pour être un fervent musulman – l’islam interdit d’ailleurs la consommation du cannabis comme celle de l’alcool.
Le 15 juillet 2016 au lendemain de l’attentat de Nice il avait arrêté son bus à Puteaux (92) à la suite d’une altercation avec une passagère, en criant Allah Akbar et des propos décousus – d’après un ex-collègue, il aurait crié « Par Allah vous allez tous mourir ». L’affaire lui avait valu une procédure pour apologie du terrorisme – classée sans suite car « insuffisamment caractérisée », une fiche S, une inscription au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste) et un licenciement trois mois plus tard par la RATP qui l’employait à Nanterre comme chauffeur de bus pour non-respect de l’obligation de laïcité. Récemment séparé, il s’était reconverti dans les VTC en décembre 2017.
Par ailleurs un différend familial lourd existait à cause de l’héritage : il l’opposait à sa mère et à ses sœurs. Il avait déposé plainte contre elles pour abus de confiance – elle a été jugée « fantaisiste » et classée sans suite.
Photo d’illustration : DR
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