Le fret irlandais va-t-il passer sous le nez des ports de Bretagne Nord suite au Brexit ? Le Conseil régional et le président d’Armateurs de France ont interpellé la Commission européenne.
Fret irlandais et Brexit
La mise en place du Brexit, cette sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, est prévue pour le 29 mars 2019. Une décision qui a de multiples conséquences, y compris sur le transport maritime entre l’Irlande et le reste de l’Europe.
Pour l’heure, l’essentiel du fret irlandais transitait par les ports du Royaume-Uni avant de gagner le continent. Et était même parfois acheminé par rail et par route. Seulement voilà, l’arrivée du Brexit entraîne aussi le retour des barrières douanières dans les ports britanniques. L’Irlande doit donc revoir ses plans logistiques !
La Bretagne mise au ban
Une fois ce constat fait, les ports de Bretagne Nord tels Brest et Roscoff pouvaient légitimement nourrir des espoirs de voir ce fameux fret irlandais débarquer sur leurs quais et ainsi augmenter leurs trafics. Mais la Commission européenne ne l’entend pas de cette oreille et l’a fait savoir au début de ce mois d’août.
Elle compte effectivement apporter des modifications au corridor « Mer du Nord – Méditerranée » suite au Brexit. Et, de ce fait, les ports de l’Hexagone ne seront plus touchés par les escales des navires en provenance d’Irlande. Une situation qui profitera largement aux grands ports des Flandres et des Pays-Bas, à savoir Anvers, Zeebrugge et Rotterdam.
Des ports du nord de l’Europe qui seront doublement gagnants puisqu’ils vont bénéficier d’aides financières de l’UE dans le but d’adapter leurs infrastructures à cette hausse du trafic. Au total, 30,6 milliards d’euros sont prévus pour les trois ports cités.
Brittany Ferries et région Bretagne
Du côté breton, les premières réactions à cette réorientation du fret irlandais se sont faites entendre. Du côté du conseil régional (B4) tout d’abord où le président Loïg Chesnais-Girard a fait savoir à son prédécesseur et désormais ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian que la proposition émise par la Commission européenne était un « camouflet inacceptable à la France ». Une décision qui, selon lui, va causer un « préjudice important pour le développement des ports de Brest et Roscoff ».
Autre voix à s’élever, celle de Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries mais aussi d’Armateurs de France qui a estimé urgent de « corriger le tir très rapidement » pour la Commission européenne. Une belle occasion ratée de développer les liens maritimes entre la Bretagne et l’Irlande qui correspond, toujours selon lui, à « une vision arbitraire et destructrice de l’Hinterland de la façade de la Manche ».
Cependant, la décision de la Commission européenne n’est pas encore actée et devra notamment être approuvée par le Conseil de l’Europe. Par ailleurs, la ministre des Transports Elisabeth Borne et la Chambre de commerce et d’industrie de Bretagne occidentale ont aussi manifesté leur opposition à cette réorganisation du trafic maritime en Manche.
En définitive, et une fois encore, la Bretagne et son économie portuaire risquent bien d’être les grandes perdantes dans cette affaire. Malgré un destin maritime évident du fait de la géographie si particulière de la péninsule, celui-ci semble définitivement lui échapper.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Ian Kirk)
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