Le mouvement Régions et Peuples solidaires, fédération de partis politiques régionalistes soutenue par le Parlement Européen à laquelle appartient l’UDB (L’Union Démocratique Bretonne), organise son université d’été du 23 au 25 août 2018. Les débats se dérouleront à Bayonne (plus d’information ici)
La matinée du 23 août sera consacrée au processus de paix et à l’avenir institutionnel du Pays Basque. Avec comme intervenants :
- Jean-Noël Etcheverry, membre des Artisans de paix. Il a organisé au nom de la société civile la prise de conscience du besoin de paix et de fin de la lutte armée.
- Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne. Il a ouvert les portes de sa mairie en 2017 pour le désarmement d’ ETA et a été un des initiateurs du rendez-vous de Cambo, organisé par le collectif Bake bidea et le Forum social permanent au lendemain de la dissolution d’ETA en mai 2018.
- Xabi Larralde, de Sortu, interviendra également pour donner une lecture politique de tous ces événements qui ont profondément modifié la vie politique et la société en Pays basque depuis la déclaration d’Aiete en 2011
L’après-midi sera consacré à la réforme constitutionnelle. Wanda Mastor, professeure de droit constitutionnel, auteure du rapport pour un statut constitutionnel de la Corse, présentera le projet de loi.
Voici la présentation de son exposé, qu’attendre de la réforme constitutionnelle ?
Les revendications qui ont été au cœur des dernières négociations entre les élus Corses et le pouvoir central ne sont pas nées sous cette République dont nous commémorons bientôt les soixante années. L’histoire de l’évolution statutaire de la Corse est indissociable de celle, singulière, des mouvements nationalistes, qui ont fait de ladite évolution l’un des arguments phares de leurs revendications. Au sein de cette histoire, les dates, les écrits, les figures, les événements violents ou démocratiques se succèdent sans jamais se départir de l’histoire englobante de cette île, principal pilier de la rhétorique partisane. Le projet de réforme constitutionnelle dont il sera question dans cette intervention ne peut s’appréhender abstraction faite de ces considérations historiques et politiques. Le gouvernement a présenté, en mai dernier, le projet de loi constitutionnelle à l’Assemblée nationale.
Point d’orgue de l’évolution statutaire pour les uns, chef-d’œuvre de coquille vide pour les autres, l’insertion de la Corse dans la Constitution est, de notre point de vue, insuffisante et incohérente. Les raisons de cette aporie constitutionnelle sont idéologiques, et dépassent le seul cas de la Corse. Incontestablement, le récit de la Vème République peut aussi se faire à travers le prisme jacobin. D’un Etat centralisé et centralisateur, la République française a pourtant glissé, acte par acte, vers une organisation décentralisée. Mais fondamentalement, son visage ne change pas et ce récit jacobin nie et combat la diversité territoriale. D’où une position de l’Exécutif, malgré le désormais célèbre « pacte girondin », très ambigüe sur la différenciation. Entre un Etat régional accordant l’autonomie à toutes ses régions et un Etat unitaire trop centralisateur, la Corse aurait pu servir de modèle pour une voie alternative, à l’image d’autres îles méditerranéennes. Celle dans laquelle une collectivité à statut particulier pourrait jouir du droit d’adapter les règlements et les lois nationales, et d’adopter des textes de forme législative dans des domaines délimités par la Constitution. Et de présenter ainsi la République française sous un jour moins rigide, moins centralisateur, respectueuse de l’attachement des citoyens à leurs territoires. Au sein d’une République décentralisée, égalité ne doit pas rimer avec uniformité et l’actuel projet de loi constitutionnelle, pas encore adopté, a déjà des allures de rendez-vous manqué.
Deux députés régionalistes exposeront leurs points de vue dans la foulée : Jean-Félix Acquaviva et Paul Molac, députés rattachés à R&PS à l’Assemblée Nationale (mais élu grâce à LREM pour Paul Molac).
Le vendredi matin, les participants s’interrogeront à savoir si l’Union Européenne est une démocratie, avec deux conférences :
- Un embryon de démocratie directe : l’Initiative Citoyenne Européenne – genèse et perspectives, avec Jean-Francis Billion, membre du bureau de l’Union des Fédéralistes Européens (UEF)
- Les Salauds de l’Europe avec Jean Quatremer, journaliste
Voici la présentation de l’exposé de M. Quatremer ci-dessous :
Peut-on encore être Européen ? Trop de scandales, comme l’embauche de José Manuel Durão Barroso, l’ancien président de la Commission, par la banque d’affaires Goldman Sachs. Trop de compromissions, comme l’élection de Jean-Claude Juncker à la tête de l’exécutif européen, lui qui a transformé son pays, le Luxembourg, en paradis fiscal. Trop d’échecs, de l’économie au contrôle des frontières extérieures en passant par le social ou la défense. Trop de libéralisme débridé. Et trop peu de démocratie. Il est facile de dresser un acte d’accusation implacable contre l’Union en dissimulant la responsabilité des gouvernements nationaux dans ces dérives.
Les salauds de l’Europe, ce sont à la fois les États, les maîtres de l’Union, qui ont trahi le rêve des pères fondateurs, et les démagogues qui essayent de faire croire qu’un retour vers le passé résoudrait tous les problèmes. Il est temps de redire ce que l’Union nous a apporté à l’heure où elle n’a jamais paru aussi fragile, menacée de l’extérieur par la Russie de Poutine et les États-Unis de Trump, et de l’intérieur par le Brexit et la montée des partis extrémistes.
Le mouvement Régions et Peuples Solidaires, dont la majorité des membres sont ancrés à gauche, compte 5 députés depuis les élections de 2017, Paul Molac, Jean Lassalle, Jean-Félix Acquaviva, Paul-André Colombani et Michel Castellani, élus pour la majorité grâce à leur statut de « Macron-compatible ».
Crédit photo : Facebook Régions et Peuples Solidaires
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