Vers la masculinisation des contraceptifs
Du stérilet à l’implant la contraception a presque toujours été exclusivement féminine, et cela pour une bonne raison : « Alors que la fertilité féminine est liée à la production d’un ovule par mois, la spermatogenèse est continue et pour éviter toute grossesse, il ne doit pas rester un seul spermatozoïde » explique Jacques Young, endocrinologue à Paris. Mais de récentes avancées scientifiques présentées lors du congrès annuel de Endocrine Society à Chicago ont permis de mettre en avant un contraceptif novateur, la pilule pour homme.
Nommée DMAU pour diméthandrolone undécanoate, elle à été testée sur 83 hommes âgés de 18 à 50 ans dont les examens ont révélé des réponses hormonales coïncidentes avec les méthodes de contraception les plus efficaces.
Tout comme son homologue féminin, la pilule masculine combine l’activité d’un androgène la testostérone qui est l’hormone masculine à un progestatif. « DMAU est un pas en avant majeur vers le développement d’un contraceptif masculin quotidien » dit Stéphanie Page Professeur de médecine à l’université de Washington. « Beaucoup d’hommes disent préférer une pilule quotidienne comme un contraceptif réversible plutôt que des injections à durée prolongée qui sont également en développement » ajoute-elle. En effet selon un sondage CSA réalisé en 2012, 61% des hommes seraient prêt à sauter le pas et à opter pour les pilules contraceptives.
L’inconvénient des formes de prise orale de testostérone actuellement disponible est qu’elles peuvent provoquer une inflammation du foie. De plus elles s’éliminent trop rapidement de l’organisme ce qui nécessite deux prises quotidiennes. DMAU possède une longue chaîne d’acide gras ( undécanote ) prolongeant sa présence dans le corps.
Quelques dérèglements mais pas de réels dangers à court terme
Quelques effets secondaires notoires sont à observer mais sans réels dangers selon le Dr Page. Parmi les 83 volontaires, la majorité a subi une prise de poids assez conséquente ainsi qu’une baisse de HDL appelée « bon cholestérol » pour certains d’entre eux. Mais la scientifique soutient que malgré les faibles taux d’hormones circulantes nécessaires à la production de spermatozoïdes les sujets ne présentent pas de symptômes graves consécutifs à ces carences.
Dans l’attente des résultats d’études sur le long terme, confirmant le bloquage de la production journalière de spermatozoïdes, les équipes de recherche restent confiantes. Les endocrinologues sont indispensable à la résolution des problèmes de santé les plus urgents de notre époque. « L’Endocrine Society est la plus vieille organisation de recherche sur les hormones et composée de médecins et de scientifiques soucieux des problèmes hormonaux pouvant affecter les hommes et les femmes de notre époque » évoque un communiqué de l’organisation.
Maxime DUBOIS
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