Des uritrottoirs parsèment la ville de Nantes depuis mai 2017, notamment rue du Moulin, impasse Saint-Clément, près de Saint-Nicolas, rue de la Bléterie ou encore juste devant la Préfecture. Ils sont devenus un symbole du maintien de l’ordre à la nantaise : plutôt que mettre des amendes pour miction publique (68€), mettre des caméras aux endroits les plus concernés ou tout simplement sortir la peinture hydrofuge, la mairie encourage l’incivilité. Tant pis pour les riverains. Cependant l’invention nantaise bien en cours à la mairie socialiste ne plaît pas du tout à Paris où elle a été déployée.
Des pissotières rouges qui se veulent écologiques
Ces pissotières rouges se veulent écologiques : elles sont surmontées de plantes, et le liquide collecté stocké dans des copeaux de bois est traité en compost. Elles sont connectées pour être régulièrement relevées. Cinq ont été déployées à Paris : boulevard de Clichy (18e), place Henri Frenay (12e) près de la gare de Lyon (deux), square Tino Rossi (5e) et celle par laquelle le scandale est arrivé, sur l’île Saint-Louis (4e). Pour un riverain de cette dernière, « c’est bien la preuve que Anne Hidalgo a un goût de chiottes ! ». Et Laurence Parisot s’est élevée contre cette « nouvelle connerie parisienne » qui a tout de même coûté 25.000 € aux contribuables.
Mais qu’est-ce que cette très ‘élégante’ nouvelle connerie parisienne ? pic.twitter.com/CgE9UHxjYn
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) 5 août 2018
Magistrat, homme politique et journaliste indépendant, Serge Federbusch (Aimer Paris) est très critique quant aux uritrottoirs : « c’est un gadget affreux, d’une couleur rouge qui tranche avec les couleurs de Paris. La continuation de politique de Delanoë et Anne Hidalgo qui fait que Paris ne ressemble à rien, mais on remettra la capitale d’aplomb avec Aimer Paris, en faisant basculer Paris aux municipales de 2020 ».
Se déplacer dans #Paris sans être gêné par des envies pressantes ?@Anne_Hidalgo y a pensé !
Elle lance URILIB, offert sans supplément aux abonnés #Velib pour faire oublier le #velibgate.
Un modèle femme (avec selle adaptée) sera lancé avant les municipales de 2020.#uritrottoir pic.twitter.com/cWWszvbF7B— Gouyou Beauchamps X (@xgb_ucdf) 10 août 2018
A Nantes, après l’expérimentation de trois uritrottoirs, cinq autres ont été commandés et déployés en janvier 2018. Soit la bagatelle de 32.000 €, à 4000 € pièce le bac rouge auprès des inventeurs, la société Faltazi de Laurent Lebot et Victor Massip. Ils sont fabriqués à Donges (SCTMI) et Saint-Nazaire (Kermar) et gérés par la société Axe environnement. De fin mai au 30 décembre 2017, 7700 litres ont été collectés selon le bilan officiel, dont 3674 L rue de la Bléterie (Bouffay).
Un brainstorming à la mairie de #Paris :
– On fait quoi pour que les gens arrêtent de pisser par terre ?
– On arrête de faire payer les chiottes ?
– Non
– On en construit plus ?
– C’est naze
– On fait pisser les mec dans des pots de fleurs en pleine rue
– Génial !#uritrottoir— Nounours Bipolaire, Bot Russe n°11793 (recalé) (@nounours_bipol) 9 août 2018
Les riverains ne sont pourtant pas convaincus : « devant la Préfecture, c’est la honte. Du coup il y en a qui se croient tout permis et pissent sous les arbres », témoigne Charles. Rue Maréchal Joffre, Mickaël « ne voi[t] jamais les gens pisser dedans, au vu de tous. Ils vont juste derrière ou dans l’impasse, merci pour les riverains ». Place Félix Fournier près de l’église Saint-Nicolas, « l’uritrottoir on ne le voit pas, on le sent ; ça sent la pisse dix mètres avant et après, les gens pissent tout le long du mur. Merci la mairie de Nantes ! ».
L’invention nantaise fait sérieusement grincer des dents à Paris : aspect esthétique insatisfaisant, incivilités, refus des parents et des riverains de voir des gens uriner devant eux ou leurs enfants, sans se cacher… ou encore inadaptation complète aux femmes. Un gadget malvenu et macho : c’est ballot pour des municipalités socialistes qui se déclarent plurielles et inclusives.
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : Breizh-info.com
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