“Des vies humaines utilisées comme monnaie d’échange, des migrants qu’on laisse mourir de faim, ou encore, des ONG définies comme héroïques”. Cela ressemble à un assemblage délirant de phrases toutes faites dictées à Emma Bonino [femme politique italienne encartée au parti des Radicaux – NDT], ou à Liberi e Uguli [parti politique de gauche fondé pour les élections de 2017 par Pietro Grasso, sur l’alliance de divers partis : Articolo 1 – Movimento Democratico e Progressista, Sinistra Italiana et Possibile – NDT] directement depuis n’importe quel centre social. Et cependant, il s’agit d’un communiqué de presse publié ce jour par Amnesty International (il va sans dire que c’est du pareil au même) relatif aux récentes politiques adoptées par l’Italie en matière de répression de l’immigration clandestine.
“Malgré la chute du nombre de personne qui cherche à traverser la Méditerranée, ces derniers mois, explique Amnesty Internationale, le nombre de morts en mer est monté en flèche”. L’organisation ne pense certes pas un instant que la faute est due à l’appât du gain chez les trafiquants d’êtres humains qui chargent ras-bord de migrants des embarcations en tout genre, sachant bien qu’il y aura toujours quelque ONG au large de la Libye pour les secourir. Bien au contraire : “La responsabilité de ce nombre croissant de victime revient aux gouvernements européens qui sont plus occupés à tenir les personnes hors du pays, plutôt que de sauver sauver des vies humaines”, explique Matteo de Bellis (expert en “asile et migration” pour Amnesty International – NDT).
“Les politiques européennes, ajoute le chercheur, ont autorisé les Gardes–côte libyens à intercepter en mer les migrants, enlevé la priorité aux sauvetages, et entravé le travail vital des ONG de sauvetage. La récente augmentation des morts en mer n’est pas seulement une tragédie : c’est une honte”. Mis à part qu’il ne s’agit pas d’“interceptions” puisque la Libye a sa propre zone SAR [Search And Rescue – NDT] depuis des semaines (et est donc un refuge), le sommet du délire est atteint dans un autre rapport publié par Amnesty International qui tente d’attribuer à la fermeture des ports italiens plus de 700 morts noyés en Méditerranée sur la seule période de juin-juillet de cette année. Les accusations ne s’arrêtent pas là, au contraire, elles ressortent l’histoire habituelle (et mise à toutes les sauces) des camps de concentration présumés: « Les gouvernements européens sont en accord avec les autorités libyennes pour contenir les réfugiés et les migrants en Libye, malgré les horribles abus comis par les Gardes côte libyens et dans les centres de détention en Libye. Les projets d’élargissement de cette politique d’externalisation dans la région sont très préoccupants.”
Traduction : Hélène Lechat pour Breizh-info
Crédit photo : Irish Defence Forces/Wikimedia (cc)
Source : Il Primato Nazionale (8 août 2018)