À l’occasion de l’affaire Benalla, Emmanuel Macron s’est fendu de quelques phrases fortes et définitives. « Celui qui a fait confiance à Alexandre Benalla, c’est moi, le président de la République. Celui qui a été au courant a validé l’ordre, la sanction de mes subordonnés, c’est moi et personne d’autre. S’ils veulent un responsable il est devant vous, qu’ils viennent le chercher ! » (Maison de l’Amérique latine, mardi 24 juillet 2018). L’affaire Benalla, « c’est une tempête dans un verre d’au. Et, pour beaucoup, c’est une tempête sous un crâne. » (Hautes-Pyrénées, jeudi 26 juillet 2018).
Mais l’affaire Benalla et d’autres considérations ont leur effet dans les sondages. Ainsi la question « Quel jugement portez vous sur l’action du président de la République ? » donne 32% d’opinions favorables (- 4 par rapport à juin) et 60% d’opinions défavorables (+ 1 par rapport à juin). Enquête réalisée vendredi 20 après-midi et samedi 21 juillet au soir, alors que Le Monde a révélé le dérapage d’Alexandre Benalla le mercredi 18 au soir. (Enquête Ipsos, Le Point, 26 juillet 2018). À compter avec l’enquête de l’IFOP réalisée pour Le Journal du dimanche (29 juillet 2018) qui donnait des résultats un peu différents. À la question « Êtes vous satisfait ou mécontent d’Emmanuel Macron comme président de la République », les 1981 personnes interrogées étaient satisfaites à 39%, soit un recul d’1 point, et mécontentes à 61%.
L’état-major des marcheurs a de solides raisons de s’inquiéter
Quel que soit le sondage retenu, l’état-major des marcheurs a de solides raisons de s’inquiéter. Mais Richard Ferrand, député de Carhaix et président du groupe LRM à l’Assemblée nationale, fait preuve d’optimisme : « Après la tempête, il y a toujours un ressac. Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’on est parti d’un pseudo ‘scandale d’État’ pour arriver au comportement fautif d’un seul individu qui, depuis, a reconnu sa faute. » (Le Monde, jeudi 2 août 2018).
Propos qui n’engagent que leur auteur. En effet c’est oublier que, dès que Sarkozy et Hollande ont commencé à dévisser dans les sondages, ils ne sont jamais parvenus à remonter la pente. Ainsi le dernier bénéficiait de la confiance de 55% des Français en juillet 2012, pour tomber à 21% en avril 2017 (Sofres, Le Figaro magazine). « Ce qu’on observe aujourd’hui, c’est la fin de l’attentisme bienveillant qui avait pu régner dans l’opposition de droite et de gauche. Cette bienveillance qui avait permis à Macron de se maintenir à un bon niveau de popularité, est en train de se dissiper », souligne Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop (Le Figaro, mardi 31 juillet 2018). Car même les libéraux qui avaient soutenu Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle commencent à faire preuve d’inquiétude quant à la tournure prise par les actions engagées par le président de la République. C’est le cas de l’économiste Philippe Aghion, professeur au Collège de France : « Il faut une flexisécurité bien financée (…), ainsi qu’un système éducatif et un système de santé solides. Et il faut un effort pour les plus pauvres et les petits retraités (…). Or, pour l’instant, sur tous ces plans, le compte n’y est pas. » (Alternatives économique, juillet-août 2018).
Mais tout n’est pas perdu…
Mais tout n’est pas perdu puisqu’il reste encore quatre années pour voir le « ressac » se manifester ; l’important est d’y croire. Et l’affaire Benalla restera « l’exemple d’une difficulté correctement résolue, surpassée », selon Richard Ferrand (Le Monde, jeudi 2 août 2018).
Puisque la session parlementaire est achevée, le député de Carhaix aura le loisir de vérifier sur le terrain ce que ses électeurs pensent du chômage, des fins de mois difficiles, de la situation dans les hôpitaux et les maisons de retraite, du développement de la délinquance, du prix du lait pour les agriculteurs… Vaste programme qui n’intéresse peut-être plus ce grand personnage de la macronie. Il est peut-être plus amusant pour lui d’aller voir le « ressac » sur les grèves de Camaret et de Crozon ! En attendant le « ressac » de Macron.
Bernard Morvan
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