L’Argentine dit non à l’avortement . Jeudi, le Sénat argentin a rejeté le projet de loi visant à légaliser l’IVG. L’Amérique du Sud dans son ensemble reste farouchement opposée à l’avortement.
Un pays encore chrétien…
L’Assemblée souhaitait autoriser l’IVG pendant les quatorze premières semaines de grossesse, le Sénat ne l’a pas entendu de cette oreille ! La mesure phare du texte qui avait été validé par les députés en juin dernier a en effet été refusée ce 9 août au petit matin par une majorité de sénateurs, après de longues heures de discussion.
Cet écart de positionnement s’explique aisément. Le Sénat représente équitablement chaque province du pays tandis que l’Assemblée accorde plus de députés aux régions les plus peuplées, et donc aux habitants des métropoles. Comme en Europe et en Amérique du Nord, ces grandes villes mondialisées et idéologiquement « progressistes » favorisent davantage l’éclosion d’associations féministes et notamment de militants pro-avortement.
L’Argentine reste cependant une terre chrétienne, catholique, d’où est bien sûr originaire le Pape François. La semaine dernière, des centaines de milliers d’Argentins avaient défilé à l’appel de l’Eglise dans les rues de Buenos Aires, la capitale, afin d’exprimer leur opposition à ce projet de loi. Les organisateurs de cette marche, lassés par les arguments de leurs adversaires, avaient à cette occasion déclaré sans détour que «l’avortement est une pratique criminelle et non une politique de santé, comme on essaie de le faire croire».
Deux visions du monde s’affrontent
L’IVG est légale dans des cas très précis, comme en cas de viol ou de danger pour la mère, mais les militants pro-IVG tentaient de jouer la carte de la culpabilisation pour le développer, en expliquant entre autres que les importantes restrictions en la matière étaient responsables des accidents liés aux IVG clandestines. Ces militants féministes ont par ailleurs provoqué quelques incidents suite au résultat du vote. Ils seront certainement de retour à l’abordage ces prochaines années, poussés et soutenus par les lobbys internationaux.
L’Europe, et notamment la France et ses médias, se positionnent d’ores et déjà en donneurs de leçons vis-à-vis de l’Argentine. Les médias y déplorent un rejet du progrès de la part des Sud-Américains et pointent du doigt « l’obscurantisme de l’Église ». Dans le continent, seul l’Uruguay légalise l’IVG. On note toutefois que journalistes et politiciens prennent beaucoup plus de pincettes avec les pays musulmans d’Afrique et du Moyen-Orient, où l’avortement est également interdit, qu’avec les pays chrétiens d’Amérique du Sud, ou l’exception européenne qu’est la Pologne. Certains y verront peut-être une stratégie électoraliste.
Le Pérou, autre exemple sud-américain
Le 5 mai dernier, c’est dans un autre pays sud-américain, le Pérou, qu’était organisée une grande marche pour la vie lors de laquelle familles, politiciens ou encore écoles privées catholiques se sont réunis à l’appel du cardinal péruvien Juan Luis Cipriani.
De façon similaire à l’Argentine, l’avortement n’est autorisé là-bas que lorsque la mère est en danger de mort ou quand le fœtus a une grave malformation, mais plusieurs centaines de milliers d’IVG clandestines s’y produiraient chaque année d’après les associations féministes.
Preuve de l’écart abyssal d’état d’esprit entre le Pérou et les pays occidentaux, la cote de popularité du sélectionneur de l’équipe nationale de football, Ricardo Gareca, un Argentin, a grimpé en flèche grâce à sa participation à la marche.
On peut douter d’un tel résultat en France si Didier Deschamps venait à participer à la Marche pour la Vie de Paris en janvier prochain…
Photo d’illustration : DR
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