Dans l’ombre de Pornic, la Bernerie-en-Retz cultive une image de station balnéaire familiale et tranquille, relativement préservée des grandes invasions d’estivants. Reste que son bourg est animé par une vie commerçante active et diversifiée autour de ses halles mais aussi par un front de mer coquet, embelli par la rénovation récente de sa promenade littorale. Le bassin à marée représente le grand attrait de la station pour des baignades sécurisées dans une eau chaude ou pour l’initiation des enfants aux dériveurs.
Mais la bonne raison pour se rendre à la Bernerie réside aussi dans la découverte du restaurant l’Artimon, chouchouté par le guide Michelin depuis des années par l’attribution d’un bib gourmand. Cette distinction repère les tables assurant une cuisine des plus soignées à un niveau de prix très concurrentiel. La création du bib gourmand a permis au guide Michelin d’être un peu plus en prise avec l’émergence d’une restauration artisanale réfractaire à répondre aux exigences du grand standing imposées par le guide de la critique culinaire.
L’Artimon dévoile une salle exiguë, pour ne pas dire un peu étriquée (pas plus de 25 couverts environs) décorée avec soin dans une ambiance de vieux gréements comme son nom l’y oblige un peu. Sur une thématique qui par ses différents traitements et ses multiples ratages, peut facilement donner le mal de mer, la décoration marine de l’Artimon paraît assez réussie grâce à la présence de jolis tableaux peints en trompe-l’œil sur les murs.
Le midi, outre les différentes formules proposées, le restaurant propose un menu entrée, plat, dessert pour 20€, guidé par l’inspiration du chef et du marché. Salle comble comme tous les midis (réservation indispensable) pour l’Artimon devenue en l’espace d’une décennie, la coqueluche d’une clientèle de retraités résidant sur la côte.
Une mousse crémeuse de saumon et ses croutons en guise de petite attention pour ce début de repas, ce qui est appréciable à l’heure ou beaucoup de restaurants semblent renoncer à la tradition de l’amuse-bouche. S’ensuit une délicieuse terrine de lapereau magnifiée par quelques traits d’une somptueuse huile de truffe aux arômes subtils et non surpuissants quand cette dernière est d’origine chinoise…
Morceau de bravoure avec la rouelle d’agneau confite par une cuisson longue de 7 heures, rehaussée d’une sauce au porto et à la fève de Tonka, dont le parfum intense n’a pas son pareil pour écraser les saveurs concurrentes en cas de dosage mal contrôlé.
Dessert simple mais d’une glorieuse harmonie avec cette tombée de fraises nappées dans un délicieux coulis et rafraichies par une glace vanille maison, la meringue apportant la petite touche croquante.
La maitresse de maison assume avec sérénité et amabilité le service de sa petite salle. La carte des vins, guère révolutionnaire, colle sans doute au traditionalisme d’une clientèle fidèle à ses vieux repères.
Une table de très bon niveau reconnue de longue date pour sa cuisine pointue qui offre un bon alibi pour redécouvrir l’ambiance balnéaire un peu désuète mais sympathique de la paisible Bernerie. Le restaurant est ouvert durant toute la saison après avoir fermé durant tout le mois de juin, le couple prenait ses premières vacances après 14 ans d’activité, certains entrepreneurs ne volent pas leur succès !
Raphno
L’ARTIMON 7 Rue Jean Duplessis, 44760 La Bernerie-en-Retz TEL 02 51 74 61 60
Crédit photo : Breizh-info
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine