Dans une méta-analyse publiée dans la revue Trends in Neuroscience and Education en 2015, trois chercheurs néerlandais ont démontré que les gènes jouaient un rôle significatif dans les performances scolaires des élèves européens.
Pour arriver à cette conclusion, 61 études de jumeaux ont été analysées. Et les résultats sont clairs : les gènes jouent un rôle très important dans la réussite scolaire des enfants.
Les performances scolaires sont significativement héritables
En introduction à leurs travaux, les chercheurs expliquent le fondement de leurs interrogations : « Les performances scolaires des enfants peuvent être définies comme la réussite scolaire d’un enfant par rapport au niveau de son âge. Des performances scolaires basses ont un effet négatif sur l’accès aux études supérieures et son négativement reliées à de nombreux résultats plus tard dans la vie. Notamment en incluant les revenus, la santé et le bien-être. Les recherches dirigées sur les causes des différences individuelles entre les enfants ont eu tendance à se focaliser sur les facteurs environnementaux comme le niveau d’éducation des parents, le milieu socio-économique et la qualité de l’éducation. Pourtant, même des enfants qui proviennent d’un milieu similaire et vont dans les mêmes écoles peuvent différer de manière très importante dans leurs performances scolaires. Cela implique que les effets génétiques forment une importante source additionnelle à la variation des performances scolaires. »
Pour étudier cette potentielle source génétique, les chercheurs ont décidé de réaliser une méta-analyse de plusieurs dizaines d’études de jumeaux. Et leur conclusion est limpide : « Globalement, les résultats suggèrent que les performances scolaires sont hautement héritables. »
Dans le détail, l’héritabilité est de 73 % pour la lecture, 49 % pour la compréhension de la lecture, 57 % pour les mathématiques, 44 % pour l’orthographe et 64 % pour le vocabulaire. Au niveau global, l’héritabilité des performances scolaires générales est de 66 %.
How well you do at primary school has a fair amount to do with your genes – especially if you live in the Netherlands https://t.co/avEfT30U3D
Heritability of reading: 73%; reading comprehension: 49%; mathematics: 57%; spelling: 44%; language: 64%; educational achievement: 66%. pic.twitter.com/uZWC71OlBH
— Steve Stewart-Williams (@SteveStuWill) 28 juillet 2018
De quoi légitiment permettre aux chercheurs de tirer des enseignements clairs : « Il peut être conclu que les variations génétiques sont d’importantes contributrices aux différences individuelles de la réussite scolaire. »
L’héritabilité, la part de l’influence des gènes
L’héritabilité, c’est la part de la variance d’un trait au sein d’un groupe d’individus expliquée par l’influence des gènes. C’est une notion qui est exprimée sous la forme d’un nombre allant de 0 (aucun lien avec la génétique) à 1 (totalement due à la génétique).
Concrètement, une héritabilité de 0.5 des performances scolaires équivaudrait à dire que 50 % des différences de ces performances scolaires entre les hommes sont dues à la génétique et que 50 % de ces différences sont donc dues à l’environnement au sens large, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas génétique (culture, éducation, etc.).
L’héritabilité n’est pas, stricto sensu, une validation de la part majoritaire de la génétique dans la formation d’un trait. Même si, dans la majorité des situations avec une forte héritabilité, c’est effectivement le cas. Il existe quelques cas particuliers où un trait purement génétique a une héritabilité de 0 car tous les membres d’une population possèdent le gène en cause. Mais ce sont des cas rares.
L’héritabilité n’est pas non plus synonyme d’hérédité. Même si les deux notions sont évidemment liées.
Enfin, l’héritabilité s’applique à des groupes, pas à des individualités. Grossièrement, il s’agit d’une moyenne.
Ici, les chercheurs notent que l’héritabilité est plus élevée aux Pays-Bas qu’aux USA. Une mesure logique puisque, dans les pays plus égalitaires, où les enfants ont globalement la même éducation (facteur environnemental), le milieu est beaucoup plus similaire pour tout le monde. Les différences existantes sont donc moins dues à l’environnement et s’expliquent bien plus par les différences génétiques entre les individus.
Aux États-Unis, ou dans tout autre pays dans lequel les enfants peuvent vivre dans des environnements très différents, ce facteur environnemental aura plus de poids quand dans un pays égalitaire. Ce qui, mécaniquement, fera baisser l’héritabilité, sans pour autant enlever à la génétique son rôle significatif.
Crédit photo : Domaine public, via PixaBay
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