Dès le départ des émeutes, Johanna Rolland (PS), maire de Nantes, lançait un appel pour le retour au calme dans les trois quartiers en ébullition (Breil, Malakoff, Dervallières) : « Je sais pouvoir compter sur l’engagement du tissus associatif de nos quartiers, des bénévoles, des pères, des mères de ces quartiers, de nos seniors » (Presse Océan, jeudi 5 juillet 2018).
Madame Rolland compte donc beaucoup sur « l’engagement du tissus associatif » pour assurer la paix dans les « quartiers ». Or, si la dynamique des associations passe par les bénévoles, il exige également un encadrement assuré par des salariés – les fameux « directeurs »,par exemple, qui décrochent de ce fait un emploi et un casse-croûte. Dans les « quartiers », ce rôle est souvent assuré par les « grands frères » qui trouvent ainsi le moyen de se caser professionnellement. Mais on peut toujours faire mieux : davantage d’employés, davantage de locaux, davantage d’activités. C’est une histoire de subventions, d’aides diverses et de montages financiers « compréhensifs ».
Le ministre joue les radins
Le gouvernement semble décidé à faire un effort dans ce domaine. Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, l’assure : « Les associations sont un élément clé de l’action dans les quartiers. Nous allons leur donner un coup de main, notamment financier : quinze millions d’euros sont déjà fléchés dans le budget de 2019. Mais nous n’avons pas encore choisi lesquelles nous financerons. » (Le Monde, jeudi 12 juillet 2018).
Certes, avec ses quinze petits millions, le ministre joue les radins. Il n’ira pas bien loin avec ce qui ressemble à un simple pourboire à l’échelon national, une fois le saupoudrage effectué. Pourtant, Mézard devrait considérer Nantes comme une ville prioritaire. Avec une règle : on sert d’abord Johanna Rolland, puis les autres s’il reste des sous dans la caisse. En effet, la probable future alliée des Marcheurs aux élections municipales de mars 2020 mérite un traitement privilégié. Quand on veut se faire des amis, en politique, on les séduit avec des arguments sonnants et trébuchants.
L’Élysée et Matignon ne manqueront pas d’indiquer à Mézard le « bon dosage » pour Nantes, au cas où ce dernier n’aurait pas encore compris l’importance du ralliement de Johanna Rolland. Car le deal est simple : le pouvoir a besoin d’elle – faute de disposer de poids lourds locaux – et Mme Rolland a besoin des électeurs de La République en marche pour être réélue. On devrait donc pouvoir s’entendre.
B. Morvan
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