L’Europe a besoin de « sang neuf ». Voilà ce qu’a dit en substance le ministre espagnol des Affaires étrangères au sujet des arrivées successives de migrants sur le territoire de son pays. Et par extension sur le sol de l’UE.
L’objectif espagnol des migrants
L’intervention de Josep Borrell, ministre des Affaires étrangères en fonction depuis le 7 juin dernier et l’arrivée au pouvoir de Pedro Sánchez, fait couler de l’encre. Elle a eu lieu lors d’une conférence de presse réalisée conjointement lundi 30 juillet avec le ministre des affaires étrangères de Jordanie, Ayman Safadi.
Actuellement en Espagne, difficile d’évoquer l’actualité sans parler des arrivées de migrants à répétition sur les côtes du pays. En 2018, ce dernier est devenu le territoire numéro un concernant l’entrée des clandestins sur le sol de l’Union européenne. Selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 20 992 migrants sont ainsi arrivés en Espagne depuis le mois de janvier dernier.
À contrario, l’Italie, qui était en première position en 2017, a connu un changement drastique de sa politique migratoire avec l’arrivée de Matteo Salvini au poste de ministre de l’Intérieur. Le flux en provenance de Libye a diminué de 80 % vers la péninsule italienne.
Pas d’immigration « massive » ?
Malgré ce constat accablant, le ministre des Affaires étrangères considère que l’Espagne n’est pas confrontée à une immigration de grande ampleur. Selon Josep Borrell, « nous banalisons le mot ‘massif’ » tandis qu’il serait plus judicieux de chercher à « évaluer les choses à leur juste mesure ».
Et de s’appuyer sur les chiffres de l’OIM pour minimiser ce qui ressemble à une « invasion tranquille » de l’Espagne : « Nous parlons, pour cette année, de 20 000 [NDLR : migrants] pour un pays de plus de 40 millions d’habitants. Ce n’est pas une immigration massive ».
Reste que les 602 migrants en provenance d’Afrique subsaharienne qui sont entrés la semaine dernière dans la petite enclave espagnole de Ceuta (Maroc) ont montré une détermination qui devrait conduire Josep Borrell à se poser d’avantage de questions sur le phénomène.
Imágenes de la violenta avalancha de inmigrantes en Ceuta. En su asalto a la valle, los subsaharianos se han enfrentado a las fuerzas de seguridad usando cal viva y lanzallamas caseros. pic.twitter.com/M2ZtEb6SPc
— EL MUNDO (@elmundoes) 26 juillet 2018
« Sang neuf » contre « personnes âgées »
Sur sa lancée, Josep Borrell s’est aventuré sur le terrain de la démographie européenne : « L‘évolution démographique en Europe démontre que, si nous ne voulons pas nous transformer progressivement en un continent de personnes âgées, nous avons besoin de sang neuf, qui ne semble pas pouvoir provenir de notre capacité de procréation ».
Un message lourd de sens qui sous-entend une chose : pour les responsables politiques se reconnaissant dans le discours de Josep Borrell, les populations européennes de souche sont condamnées à être remplacées par de nouveaux arrivants extra-européens. Et ce, en suivant une simple logique mathématique de renouvellement des générations. Logique par ailleurs très juste lorsque l’on compare les taux de fécondité des pays de l’UE avec ceux d’Afrique subsaharienne, pour ne citer qu’eux !
Un constat inquiétant car, hormis certains États d’Europe centrale (articulés autour du groupe de Visegrád et de Viktor Orbán), l’Europe occidentale ne semble toujours pas prendre la mesure de son hiver démographique. Un problème qui est d’autant plus urgent que, dans le même temps, les vannes de l’immigration à destination du Vieux Continent sont toujours grandes ouvertes.
Crédit photos : Flickr (Jeanne Menjoulet/CC BY 2.0)
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