L’incendie dans la nuit du 4 au 5 juillet de la maison de quartier des Haubans à Malakoff, ouverte en 2011, avait un caractère très organisé. Outre la réunion, devant la maison de quartier, d’une trentaine de jeunes gens une heure pile avant l’incendie, lors de sa destruction, des voitures avaient été disposées en travers de tous les accès et brûlées, de façon à retarder au maximum l’arrivée des secours.
« Nous sommes certains que le conflit de longue date entre les vigiles de la maison de quartier et les dealers du quartier joue un rôle direct dans l’incendie », souligne un policier nantais, même si le pouvoir politique semble très peu pressé de rechercher les auteurs et les causes de la destruction de la maison de quartier. Et ce bien que l’ardoise sera salée : plusieurs millions d’euros pour raser les ruines et reconstruire.
Dès son ouverture en 2011, la maison de quartier connaît un problème persistant de deal, tant à l’entrée que dans le hall. Admonestations et interventions répétées des forces de l’ordre n’y font rien : les dealers dérangés dans leur business s’en prennent aux animateurs et aux employés, provoquant un droit de retrait en décembre 2014 et de nombreux arrêts de travail. Un agent de sécurité et deux médiateurs étaient déployés dans le hall.
La mairie ne pouvant guère plus faire la sourde oreille alors que l’insécurité s’aggravait – et avec elle les risques psycho-sociaux, l’installation d’un système de vidéo-surveillance a été agréée par la Préfecture au tout début de l’année 2016. Mais l’opposition de certaines associations qui intervenaient dans la même maison de quartier allait tout faire capoter… de quoi se demander quels intérêts servent ces associations.
La tension augmentait encore au printemps 2018 lorsqu’un agent de sécurité était pris à partie le 24 avril par une « dizaine de jeunes gens ». En fait, « des dealers du quartier », confirme un policier, qui relève que « la mairie a été très discrète, alors même que la maison de quartier a été fermée une semaine après ça [jusqu’au 30 avril] et que le vigile avait été proprement tabassé ».
Dans ces conditions, l’incendie n’étonne personne dans le quartier, même si la plupart des habitants ont peur de témoigner à cause des représailles des dealers. Dans un autre quartier multiethnique nantais, un habitant qui avait témoigné dans un reportage par rapport au deal qui empoisonnait son hall d’immeuble a été identifié par les vendeurs de drogue et passé à tabac. Il a eu cinq jours d’ITT et rase les murs. Les dealers sont toujours là, et ont même installé un canapé et une TV dans le hall en question pour suivre les matchs de la Coupe du monde.
Du reste des questions similaires se posent aussi après l’incendie de locaux associatifs aux Dervallières au cours des mêmes émeutes. Incendie qui ne semble peut-être pas aussi accidentel qu’il n’en a l’air. « Ces locaux occupaient les jeunes du quartier et leur évitaient d’aller vers le trafic de drogue faute d’occupation », relève une habitante du quartier. De quoi susciter l’ire des gros bonnets de la drogue ?
Louis Moulin
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