L’affaire Aboubakar n’en finit de mettre au jour les ressorts d’une pensée ghettoïsante, largement intégrée par une grande majorité de la population des quartiers dits « sensibles ». Pour preuve, l’hallucinante tribune des conseillers citoyens, publiée sur le Ouest France du 19 juillet se livrant à une hasardeuse analyse des événements du Breil-Malville, chargée de multiples ambiguïtés. Une occasion de se pencher sur les nouveaux comités Théodule de la politique de la ville visant à impliquer les habitants dans les actions d’aménagement urbain.
Conseils citoyens ou la nouvelle coquille vide de la gouvernance urbaine
Les métropoles n’ont jamais été avares en création de commissions ou de bureaux investis d’obscures compétences pour élus prébendés. L’écheveau de l’organigramme de Nantes Métropole est une magnifique illustration de la comitite ambiante, permettant au meilleur des incapables, d’être président de quelque chose. Ce n’est pas la loi de programmation pour la Ville de 2014, instaurant les conseils citoyens dans les quartiers « prioritaires » qui viendra fluidifier une lourdeur administrative, notoire chez Nantes Métropole.
L’intention est de rendre la parole aux citoyens, qu’ils soient partie prenante aux décisions d’aménagement dans cette nouvelle vogue de la gouvernance participative, terriblement tendance à notre époque…
Mais derrière les bonnes intentions, le conseil citoyen s’apparente à une sorte de « machin » doté de compétences uniquement consultatives. Cette structure d’indécision délibérante se compose ainsi de gens de bonnes volontés, représentant la diversité ethnique des quartiers. Grâce au zèle de la Maire Johanna Rolland, Nantes s’est proposée comme ville-pilote pour installer avec ferveur dans tous les points chauds de la ville, les conseils citoyens. Généreuse à l’excès par son envie de redonner la parole à tout à chacun, la démocratie participative se heurte assez vite au mur de la diversité ; la mise en place des conseils citoyens ne s’est pas faite sans mal. Dans de nombreux quartiers, leur création s’est révélée tout simplement impossible et dans les lieux où ils ont pu péniblement accoucher, les conseillers citoyens eux même, reconnaissent un fonctionnement chaotique lié aux incompatibilités culturelles de la mixité.
Pour autant réunis en formation d’interconseil (quand on vous parle de comitite !), les conseils de citoyens se sont accordés sur une déclaration commune relayée par Ouest France sous le titre évocateur de « tous responsables des violences », invitant notamment les pouvoirs publics à revoir leur grille de lecture sur la ségrégation dont serait victime leurs territoires. Quant à la leur, elle est édifiante…
Nous sommes tous Abou ? Ou alors tous à bout !
Passons sur le délayage relatif à la victimologie habituelle propre au discours des quartiers pour s’attarder sur la phrase hallucinatoire assénée dans le cœur de la tribune :
Nous pensons que le rapport entre les jeunes et la police est une des clefs de cette explosion, car chaque jeune a pu se dire : « ça aurait pu être moi ».
Sauf à considérer chaque jeune de ces quartiers comme potentiellement délinquant, le sens donné à cette assertion est pour le moins incompréhensible. Comment chaque jeune peut-il se reconnaître dans l’attitude délictueuse d’un automobiliste qui tente de se soustraire à un simple contrôle de police et ce, au péril de la sécurité des protagonistes de la scène?
Est-ce à dire que le délit fuite constitue une attitude normale pour la jeunesse des quartiers ? Il est évident que derrière cette interprétation, transpire toute la banalisation de la violence et surtout une diabolisation des actions de la police s’appliquant à oppresser la jeunesse pacifique des quartiers. Mais où est la condamnation de principe dénonçant les agissements à risque d’une jeunesse en flirt permanent avec les lois de la délinquance, que l’on est en droit d’attendre de la part d’adultes responsables ? Car les auteurs de la tribune sont a priori des personnes respectables, des citoyens impliqués dans leur quotidien à retisser le fameux lien social distendu. Sans doute faut-il y voir les effets délétères de la propagation d’un « état d’esprit de quartier » qui souscrit à une violence légitime au nom d’une prétendue ségrégation.
Chaque interpellation de la police dans les zones de non-droit déclenche des réactions épidermiques d’auto défense de la part des jeunes apaches de cités, qui ne tardent pas à être cautionnées par la parole des habitants. Vraisemblablement, cette solidarité se noue sur la peur d’être stigmatisé par « les terreurs » des quartiers, mais plus profondément elle traduit une adhésion à la rébellion d’une jeunesse désœuvrée.
Encore faudrait-il parvenir à relativiser le soi-disant harcèlement de la police et sa violence supposée, lorsque l’on compare les méthodes d’intervention de l’une des polices les plus prudentes au monde (et pour cause quand on regarde la sous-protection juridique du policier), en regard d’une police américaine connue pour avoir la gâchette facile…
Par leur refus de reconnaître et dénoncer la responsabilité première d’une jeunesse addicte à l’économie des trafics, dans le déclenchement et la surenchère des dernières émeutes, une partie non négligeable des habitants des zones de non-droit, adoptent sans doute malgré-eux et inconsciemment, une pensée séditieuse à l’encontre des valeurs de la République.
Il existe incontestablement des réussites très méritoires dans ces quartiers, la plupart sont l’œuvre d’habitants ayant su s’extraire du conditionnement malsain généré par l’identification excessive aux problèmes du ghetto.
Raphno
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