Il y a quelques mois, en décembre 2017, une étude scientifique était publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences par une équipe de chercheurs américains et australiens. S’appuyant sur le fameux échantillon UK Biobank dont nous avons été les premiers à vous parler il y a un an, les scientifiques se sont intéressés à la sélection naturelle dans le monde moderne. Un travail passionnant qui démontre que ce phénomène majeur est toujours à l’œuvre.
Qu’est-ce que la sélection naturelle ?
La sélection naturelle est un phénomène fondamental dans l’histoire de la biologie. C’est une partie essentielle de l’évolution de toutes les espèces, y compris l’homme bien entendu. Concrètement, au sein de l’espèce humaine, certains hommes et certaines femmes disposent d’avantages reproductifs par rapport à la moyenne. C’est une loterie génétique ou une meilleure adaptation à l’environnement qui fait que les personnes disposant de ces avantages reproductifs vont diffuser plus largement leurs gènes que la moyenne, via la reproduction. Ces avantages reproductifs pouvaient être – il y a très longtemps – la force physique, la résistance aux maladies ou bien la connaissance de l’agriculture par exemple. Il y a quelques décennies, il pouvait s’agir de l’intelligence ou bien de la capacité d’innovation.
Les personnes intelligentes désavantagées ?
Le premier résultat de cette étude est aussi étonnant que lourd de conséquences. Car l’intelligence et le niveau d’éducation sont aujourd’hui des traits défavorisés par la sélection naturelle ! Autrement dit, les personnes intelligentes ont – en moyenne – moins de chance de diffuser leur gènes via la reproduction que les personnes d’un niveau intellectuel inférieur.
Natural Selection in Modern Humans (UK; N ≈ 500,000) https://t.co/xOIH9ItLoG
Traits currently favoured by selection: Younger age at first birth in ♀; higher BMI in ♂
Traits being selected against: Intelligence; educational achievement (!)
Figure: https://t.co/n887GRyJOI pic.twitter.com/YexhkkqyUF
— Steve Stewart-Williams (@SteveStuWill) 17 juillet 2018
Autre enseignement de cette étude : parmi les femmes ayant des enfants sur le tard, celles possédant un haut niveau d’éducation feraient plus d’enfants. « Ces résultats suggèrent que, parmi les femmes ayant des enfants tardivement, celles ayant une meilleure éducation auront plus d’enfants que les autres. Et cela malgré le fait que les personnes avec un haut niveau d’éducation ont généralement moins d’enfants que les autres. »
Chez les hommes et les femmes, le physique est aujourd’hui à la première place des avantages reproductifs significatifs. Chez les hommes, c’est l’indice de masse corporelle qui est à la première place tandis que, chez les femmes, les traits physiques concernés sont la masse graisseuse et le rapport entre tour de taille et tour de poitrine.
Avec une particularité : si la taille est un trait avantagé chez les hommes, les grandes femmes sont desservies par la sélection naturelle.
La sélection naturelle étant un phénomène biologique, l’homme n’est pas près de voir l’arrêt de ce mécanisme.
Reste que les résultats de cette étude scientifique laissent un arrière-goût quelque peu amer. En effet, l’intelligence étant aujourd’hui en moyenne un désavantage reproductif, la fertilité dysgénique est un problème majeur à prendre en compte pour les gouvernements.
Ajoutons enfin que cette étude repose sur un échantillon européen. La problématique du dysgénisme étant largement connue de certains autres peuples (à Singapour et en Chine par exemple), il est fort à parier que les résultats seraient très différents dans certains pays d’Asie qui, aujourd’hui, mettent tout en œuvre pour augmenter l’intelligence moyenne de leur pays.
Crédit photo : Domaine public, via PixaBay
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