Lors de la nuit d’émeutes et de liesse suite à la victoire française à la Coupe du Monde contre la Croatie (4-2), on pouvait marcher sur du verre brisé dans les rues du centre-ville de Nantes, transformées en décharge publique. Les éboueurs n’ont pas chômé le lendemain : 14 tonnes de verre et quatre de cartons ont été ramassées, principalement dans le centre ancien de Nantes.
Par ailleurs, la presse mainstream – absente cette nuit là – s’est enfin réveillée et a reconnu du bout des lèvres qu’il y a eu des désordres. Même si la langue de bois reste de mise : « quelques incidents » pour Presse-Océan, « ni casse ni victime » pour Ouest-France, qui trouve que « la fête s’est globalement bien déroulée ». Si on exclut les scènes d’émeutes, les jets de projectiles divers sur la police et les cartouches de lacrymo ou les munitions de flashball qu’on pouvait ramasser sur place… encore fallait-il y être.
Néanmoins il y a eu plusieurs interpellations ce soir là. Vers 19h30, dimanche, un jeune homme fait du rodéo sur un moto-cross non homologué en plein cours des 50 Otages. Il percute une voiture de la BAC, s’enfuit et est rattrapé. Originaire d’un quartier nantais dit sensible et hélas bien connu des forces de l’ordre, il finit sa nuit au commissariat. A 22 heures, trois des jeunes émeutiers originaires des quartiers multi-ethniques sont interpellés place Ricordeau après avoir blessé légèrement quatre CRS et endommagé un camion en leur jetant des bouteilles de verre.
Des individus en possession d’une arme à feu
Trois autres individus seront interpellés lors d’un contrôle routier en fin de soirée – ils étaient notamment en possession d’une arme à feu (!). A quatre heures du matin enfin, square La Pérouse, une rixe est signalée. La police se rend sur place et interpelle un jeune homme d’origine étrangère, qui se dit mineur – il a sur lui un téléphone volé et un couteau.
Cependant nombre des émeutiers et des délinquants qui s’en sont donnés à cœur joie dans le centre de Nantes (pickpockets, jets de projectiles divers, vols avec violence ou arme, rodéos, agressions…) ont pu enfreindre la loi en toute impunité, comme dans la plupart des villes françaises touchées par des « troubles » ou des « incidents » pas si mineurs que ça. Et plus proches de l’émeute que de la « fête ».
La presse locale nantaise du groupe Ouest-France oublie un peu vite que deux de leurs confrères et collègues – des journalistes du titre Actu76 (groupe Publihebdos) – ont été tabassés par des émeutiers alors qu’ils filmaient une rixe, en plein centre de Rouen.
Louis Moulin
Crédit photo : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine