L’audace et le courage sont encore un peu récompensés sur le Tour de France, comme le démontre la victoire de Julian Alaphilippe mardi 17 juillet lors de la 10ème étape du Tour de France entre Annecy et le Grand Bornand.
Alaphilippe a remporté en solitaire cette étape, après s’être échappé depuis le début de cette dernière en compagnie d’autres courageux, comme Van Avermaet, le maillot jaune, Peter Sagan, ou encore Philippe Gilbert, c’est-à-dire en gros tous ceux qui, toute l’année, font le spectacle dans le monde du cyclisme.
Du côté des « leaders » des grosses formations, ne cherchez pas, ils ont massacré l’étape. Laissé filer les échappés sans jamais s’intéresser à la victoire d’étape. Avant de se neutraliser dans le dernier col, et de faire la sélection « par l’arrière », laissant perdre du temps à quelques outsiders potentiels comme Majka ou Uran.
Cette première étape de montagne est, une fois de plus, une honte pour le cyclisme, et la preuve que le cyclisme moderne est en train de sombrer. Il fallait entendre les Jalabert ou autre Virenque sur les chaînes qui retransmettaient la course pour se rendre compte à quel point cela commence à devenir frustrant, énervant de voir toujours les mêmes scénarios de course. Malheureusement, en tant que chroniqueurs rémunérés, on sent bien qu’ils ne peuvent pas tout dire ce qu’ils ont sur le coeur…
Il serait temps que la direction de course et les organisateurs, plus passionnés par le fait de faire du fric qu’autre chose, prennent des mesures pour redonner un intérêt aux étapes. On s’est ennuyé pendant une semaine (hormis pavés) sur le plat, et voici que c’est reparti (hormis sans doute les étapes très courtes) en montagne, comme d’habitude depuis maintenant de nombreuses années.
Pourquoi ne pas enlever les oreillettes ? Pourquoi laisser les équipes avec des ordinateurs dans la voiture permettant d’analyser les compétences physiques et physiologiques de leurs coureurs (et même des autres ?) et ainsi donc d’influer et de truquer la course (ils savent désormais exactement à quelle vitesse rouler pour reprendre tel ou tel coureur échappé, tout comme ils savent qui ne va pas bien et qui est en forme…) ? Pourquoi ne pas éliminer les derniers de chaque étape et ainsi réduire le nombre d’équipiers ?
Pourquoi ne pas attribuer des bonus très importants de plusieurs minutes aux premiers des étapes de montagne, pour obliger le peloton à se soucier des échappés ?
Même chez les champions potentiels, on peut lire des propos absolument scandaleux, comme ceux de Warren Barguil, qui annonce avant même la course que son objectif est « sans bluff aucun » de « perdre du temps » pour pouvoir éventuellement aller gagner une étape. On marche sur la tête, c’est la prime à la médiocrité.
Pour résumer, honneur aux champions, honneur à ceux qui courent toute l’année, comme Alaphilippe, Sagan, Gilbert, et de nombreux autres combattants du bitume. Quant aux autres, « spécialistes de grands tours » et autres éternels suceurs de roue…
PS : Aujourd’hui, l’étape devrait être plus animée. Le pire c’est que c’est ce que l’on espère tous les jours comme depuis deux décennies maintenant, tandis que les coureurs comme les organisateurs prennent les spectateurs pour des cons uniquement destinés à ramasser des bouts de saucisson et des bobs qu’on leur jette à la figure au bord des routes.
108,5 km entre Albertville et La Rosière espace San Bernardo, ça grimpe et ça descend tout le temps. On va voir. Mais une chose est sûre, nous sommes loin, très loin, de l’époque où ce peloton était composé de guerriers et d’aventuriers. Aujourd’hui, entre les armadas de robots et les bagarreurs pour la huitième place, une partie du peloton transforme une course magnifique en sketch, en toute impunité…
Yann Vallerie
Crédit photo : DR
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