Elle avait été décidée au dernier moment par la municipalité socialiste de Johanna Rolland et s’est avérée très mal organisée : la fan-zone organisée cours Saint-Pierre pour ceux qui voulaient regarder la finale France-Croatie s’est muée en piège dangereux pour des dizaines de personnes : l’alcool, la foule et la chaleur aidant, plusieurs dizaines de malaises tant dans la fan-zone qu’à ses abords ont été enregistrés.
En plein soleil, les supporteurs privés d’eau dans la fan-zone
« Il n’y avait pas d’eau », relève une personne victime d’un malaise. « La sécurité retirait les bouteilles, toutes les bouteilles à l’entrée, comme quoi ça peut être des projectiles ». La Protection civile confirme : « nous étions 14 pour près de 10.000 personnes, le peu d’eau qu’on avait on l’a gardé pour les blessés, et quand on a essayé d’en faire venir, un camion avec deux mètres cubes d’eau en bouteilles, il a été dévalisé devant l’hôpital ». Comment cela ? « Une cinquantaine de personnes l’a entouré, a ouvert les portes et embarqué toute l’eau ».
Passée sur place dans la soirée, la maire de Nantes, Johanna Rolland (PS), n’a pu ignorer cette croquignolesque affaire de camion pillé, ni les problèmes croissants de malaises. D’autant que l’organisation souffrait de nombreux problèmes. « Nous on nous a dit la veille au soir qu’on bossait le lendemain », relève un CRS, « or une fan-zone ce n’est pas rien à organiser, surtout au lendemain de grosses émeutes urbaines comme on a eu à Nantes. Il faut tout clôturer en cas d’attentat ou d’intrusions etc. En plus au début du Mondial il y avait eu des ordres pour interdire les fan-zones, résultat il y en a partout. La logique française… ».
Parmi les problèmes les plus évidents, la surcapacité : « le site fait 9000 places – pour que tout se passe en sécurité, en pratique quand on a fermé car la capacité était atteinte, 1000 personnes au moins ont forcé les barrières. Résultat, le moindre mouvement de foule peut créer un gros bordel », constate un autre policier devant des barrières cette fois hermétiquement closes à 17h15. Des forces de l’ordre ont été déployées sur le périmètre pour éviter toute nouvelle intrusion.
Des malaises liés au manque d’eau
Du côté des malaises, la Protection civile en a relevé « 95 sur la fan-zone dont deux expédiés au CHU. Parmi ces derniers, une jeune fille qui avait fait une chute, puis un malaise et qui était dans un état pas rassurant », relève un bénévole. « On n’a pas arrêté. C’étaient des malaises essentiellement, liés au manque d’eau. Rien n’était prévu pour ravitailler les spectateurs au moins en eau ». Nous n’avons relevé d’ailleurs qu’un seul vendeur de boissons, situé à l’extérieur près de la porte Saint-Nicolas. Les pompiers ont fait de leur côté une trentaine d’interventions pour malaises, aux abords immédiats de la fan-zone, et ce pour les mêmes raisons.
Mais le bilan aurait pu être plus lourd. « La plupart des gens sur la fan-zone étaient là depuis deux heures, voire pour certains depuis midi pour avoir les meilleures places. Tout ce temps sans eau, dans la foule, sous le soleil ardent, c’était beaucoup trop », relève un secouriste. « La mairie aurait dû prévoir au moins de l’eau, faire venir deux palettes sur place ou des fontaines, ce n’était pas non plus la mer à boire ». Visiblement c’était plus difficile à faire que mettre en danger les supporteurs.
Louis Moulin
Crédit photo :Jean-François Fournier/Flickr (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine