Plusieurs centaines de voitures ont brûlé à Nantes depuis mardi dernier – encore près de quinze dans la nuit de dimanche à lundi 10. Le Port Boyer, plutôt calme au demeurant, en a vu au moins 18 être dévorées par les flammes. Des faits qui sont, selon les habitants, liés à « une quinzaine de très jeunes enfants » déjà « très défavorablement » connus dans le quartier.
Au cours de la semaine, plusieurs tentatives d’intrusion et des vandalismes ont eu lieu au Port-Boyer, notamment des portes de garage arrachées. A chaque fois, les riverains ont constaté, comme pour les incendies, que c’était le fait de 10 à 15 très jeunes enfants dont les parents ne se manifestent pas, « mais qui ne devraient pas être contents que leur garage ait une porte arrachée, ou que leur voiture brûle ». Selon les riverains, « ils sortent vers 22-23h, quand il fait nuit et qu’ils ne risquent rien ».
D’ailleurs, ils restent dans leur quartier dont ils connaissent les moindres recoins. « Une voisine qui avait vu l’un d’eux jeter des pierres sur la vitre d’une voiture lui a demandé d’arrêter. Elle s’est fait caillasser », relève un riverain. « Dernièrement quand huit voitures ont brûlé, les policiers les ont coursés. Ils sont tous allés se planquer dans l’école » située dans le quartier.
Éprouvés et lassés, les habitants du Port Boyer entendent demander l’extension du réseau de vidéo-protection urbaine à leur quartier. A Rezé, après les émeutes qui ont provoqué de grosses destructions dans le quartier de Château de Rezé, la mairie a annoncé que des caméras seraient installées place François Mitterrand, tout près du point de deal habituel des délinquants du quartier.
Des délinquants et incendiaires très jeunes signalés ailleurs
Il n’y a du reste pas qu’au Port Boyer que les riverains signalent de très jeunes délinquants. A la Bottière, où un incendie a eu lieu samedi encore chemin de la sécurité, les riverains signalent là encore « de très jeunes enfants ». Idem aux Dervallières ou au Breil même où de très jeunes enfants ont participé aux émeutes urbaines. Quand irresponsabilité pénale et irresponsabilité collective se conjuguent.
#Bottiere-Chenaie feu confirmé chemin de la sécurité. 5 fourgons police sur place. Personnellement ce sont de très jeunes enfants que j’ai vu à proximité avant l’arrivée de la police. Depuis ils se sont volatilisés #Nantes pic.twitter.com/fmKCTaZ5TT
— Mose en bic (@MoseAfok) 7 juillet 2018
De manière générale, qu’ils soient jeunes ou vieux, les délinquants qui ont participé aux émeutes dans leur quartier s’y sont cantonnés. Outre les logiques claniques, communautaires et territoriales qui ne permettent guère que les plus âgés aillent faire la zone dans un autre quartier, s’y joignent des raisons pratiques.
« Dans leur quartier, ils connaissent tout, ils font leur coup et vont se planquer, ou rentrent chez eux sans attirer l’attention », relève un policier. Qui constate aussi qu’ils « s’en prennent aux institutions, la mairie, la poste, la bibliothèque, et aux commerces car ce sont des cibles faciles et sans défense. Pareil pour les voitures ».
Pour un autre policier, « le fait que des équipements ont été brûlés, notamment ceux qui occupaient les jeunes utilement et légalement – la maison de quartier, des associations, la bibliothèque etc. arrange franchement les dealers. Les jeunes locaux n’auront plus où se retrouver et où être occupés utilement, donc ils seront dans les mains des dealers qui peuvent leur donner de l’occupation ».
Néanmoins malgré l’ampleur des dégâts – plusieurs millions d’euros au bas mot – ni le pouvoir politique, ni la justice ne semblent être vraiment pressés de rechercher les coupables et responsables. Ni dans leurs rangs, ni ailleurs.
Louis Moulin
Crédit photo : Breizh-info.com
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