Suite à la rixe entre dealers place de l’Amérique Latine, près de la base sous marine à Saint-Nazaire, la volonté politique qui faisait défaut à la répression contre ce point de vente de drogue très rentable et aux clandestins qui s’y trouvent s’est enfin réveillée. Désormais, il y a une opération par semaine pour tenter de vider l’océan à la petite cuillère, mais les résultats ne sont guère rassurants ni efficaces.
Une nouvelle opération a ainsi eu lieu mardi 26 juin vers 15h30 ; quinze personnes ont été contrôlées, quatre arrêtées. Tous se déclarent mineurs isolés, sans papiers, d’origine tunisienne. Dans le doute, ils ont été remis en liberté en attendant d’être présentés à un juge pour enfants. Un cinquième, ressortissant algérien, a vu sa majorité prouvée grâce à des recoupements et des tests osseux – il avait été arrêté à son domicile le 27 juin. Il devrait être présenté à un juge d’instruction, d’autant qu’il a déjà été repéré par les enquêteurs. Il est âgé de 24 ans et s’avère déjà connu de la justice.
Le 22 juin déjà, une opération de police avait eu lieu sur la place et avait débouché sur la saisie de 40 grammes de drogue cachés aux abords de l’esplanade. Un clandestin âgé de 30 ans avait été interpellé. Une semaine auparavant, de l’ectasy, du cannabis en résine et de l’héroïne avaient été saisis sur la place et ses abords. Des saisies qui n’ont pas été inutiles pour comprendre le trafic : « jusque là on pensait qu’ils ne vendaient que du cannabis », relève une source policière. « En fait, ils sont assez polyvalents et se sont adaptés à la clientèle locale ».
« C’est la rixe qui a déclenché une réaction politique, le problème est bien plus ancien et date de plus d’un an », commente un proche du dossier. « Il y avait déjà des dealers au Bon Passage, puis place de l’Amérique Latine il y a un an, un an et demi, et c’était la même population, en moins jeune. Le problème, c’est qu’arrêter les petites mains ne sert à rien. Ils font comme à Nantes, ils disent avoir 16-17 ans – les tests osseux sont imprécis à 18 mois près, donc devant le juge pour enfant, ou même le tribunal correctionnel ils ne risquent rien ou presque ».
Pour notre source, « il y a un réel problème de volonté politique, car on sait bien qu’ils se fournissent, on sait qu’ils travaillent avec des gens bien installés sur Saint-Nazaire et les alentours, des gens qui ont pignon sur rue, mais arrêter leurs soutiens et fournisseurs mettrait trop en cause le vivre-ensemble, donc on laisse faire ». Tout en communiquant excessivement sur des arrestations qui n’ont aucune portée opérationnelle et ne ralentissent en rien le deal. « C’est comme pour les deals de quartier à la Bouletterie et à la Trébale, ils sont bien tranquilles ».
Pendant deux ans encore, à peine. Car il est fort probable qu’en 2020, le paysage politique local, longtemps très figé, soit chamboulé de fond en comble. Ou soit obligé de s’adapter – y compris à la hausse de l’insécurité et au ras-le-bol croissant des habitants – s’il veut survivre aux soubresauts de l’Histoire.
LM
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