L’afflux de migrants en France entraine la multiplication à la fois des « Jungles », sortes de zones de non-droit où les clandestins s’entassent dans des conditions de vie lamentables, mais également des centres ouverts par l’État et gérés par des associations qui en ont fait leur économie principale depuis quelques années.
Si les rixes et les tensions grandissantes sont fréquemment rapportées comme à Calais, ou encore Porte de la Chapelle à Paris, celles dans les centres d’accueil de migrants le sont beaucoup moins, et pourtant elles existent. La raison ? Une volonté d’omerta et de silence pour notamment ne pas affoler les populations autochtones et rajouter à la tension qui peut régner ici ou là.
C’est en tout cas ce que nous a rapporté un travailleur social qui a eu l’occasion de travailler aux côtés des migrants dans plusieurs de ces centres en Bretagne et ailleurs en France. Nous avons bien entendu préservé son anonymat : « On nous demande de ne pas communiquer sur les conflits entre migrants, au nom d’une sorte de devoir de réserve que nous devrions avoir eu égard du public avec lequel nous travaillons » nous dit-il.
Pourtant, des conflits, il en a vu beaucoup : « Il ne faut pas croire que tous les migrants s’entendent entre eux. Ils ont des histoires et des origines différentes. En les mettant dans les mêmes locaux, les tensions ethniques, culturelles, religieuses sont exacerbées, c’est un fait. Si vous rajoutez à cela la promiscuité et l’incertitude qui pèse sur leur avenir proche, cela explique les bagarres, les tensions qui peuvent être occasionnées ».
Et de s’avouer un peu dépassé : « Nous on les accueille comme si ils n’avaient pas un passé derrière eux, comme si tout était effacé, comme si on pouvait en faire des simples numéros, des simples « migrants ». Mais eux ils sont de quelque part, ils ont leur histoire. Forcément, ça clashe, et on ne peut pas y faire grand chose, c’est difficile de les comprendre dans le fond. On se retrouve confronté – sans formation aucune – à des histoires qui n’ont rien à voir avec les nôtres ».
Mais pourquoi donc les accueillir alors , si cela génère de la tension ? « Parce qu’il y a un aspect humanitaire derrière, d’aider celui qui est dans la souffrance et la difficulté ». Mais notre contact n’est pas dupe : « Les associations ne sont pas capables de gérer les conflits politiques, culturels, ethniques, elles ne sont pas formées pour cela . Forcément, il y aura des conséquences à moyen terme, mais tant que cela ne s’ébruite pas trop, pour le moment, tout le monde fait comme si tout allait bien, et surtout, il ne faut rien dire au grand public ».
Alors quelles solutions voit-il à ces arrivées qui n’en finissent pas en Europe ? « Il y a forcément un moment où ce ne sera plus possible à gérer. D’autres pays comme l’Allemagne qui pourtant sont plus ouverts que l’Italie ou l’Autriche l’ont bien compris. Il faudra sans doute envisager de faire marche arrière, c’est inéluctable pour éviter que la situation ne s’envenime de trop. Ici, pour le moment, hormis les tensions internes, c’est plutôt calme car ils ont réparti les centres y compris en campagne. Mais va venir un moment où d’autres répartitions s’ajouteront à ces répartitions…on n’a même pas le personnel suffisant pour tout bien gérer, ou alors au détriment d’autres missions »
À Nantes, plusieurs migrants ont été blessés fin mai dans une rixe intercommunautaire. Idem à Saint-Nazaire. A Paris, un migrant somalien est décédé fin mai lors d’une rixe entre migrants. Pendant ce temps, d’autres continuent de rentrer en Europe, comme si « tout ce beau monde » allait trouver paisiblement sa place dans une société qui se tend de plus en plus…
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