Nous continuons notre série sur les ratés d’urbanisme à Nantes, cette fois avec la place Sainte-Élisabeth. Peu connue – sauf pour ses restaurants – celle-ci est située dans un triangle entre le tram et la résidence Porte Neuve récemment rénovée, avec un banc artistique rigoureusement inadapté pour s’asseoir. Plus généralement, elle est située entre la place Viarme et la rue Jean Jaurès, donc les deux arrêts du même nom sur la ligne 3.
« Réinventée » dans le cadre du dispositif participatif NantesCo, elle devait être végétalisée et rendue à ses habitants. La concertation a commencé à l’été 2016. Pour ce qui est de la végétalisation, quelques modestes plantes ont été mises, ainsi qu’un jeu de dames sur lequel personne ne joue jamais. Quant aux « potelets trop imposants », ils devaient « faire l’objet d’un habillement dans le cadre d’une intervention créative à l’initiative des habitants », selon le compte-rendu de la troisième séance de travail (14/11/2016). Des chaussettes ?
Car la place est en effet cantonnée par plusieurs remparts de potelets. Qui protègent la voirie du tram, la place de la voie le long du tram, la place de la ruelle pavée – ceux là sont fins – et même le trottoir de la ruelle pavée – des gros aussi. Il n’en manque guère que là où ils seraient vraiment utiles – protéger les nouvelles plantations et leur paillage du piétinement.
Problème, ces potelets métalliques – non fusibles, c’est à dire qu’ils ne s’effacent pas en cas de choc – sont dangereux, non seulement pour les motards et les cyclistes, mais aussi pour les piétons. Les exemples abondent dans les villes françaises. Sans oublier leur coût, de l’ordre de 200 € par potelet, pose comprise selon un document de Nantes Métropole – et le fait qu’il faille les remplacer en cas de choc ou de vandalisme puisqu’ils ne se déforment pas.
Outre un aménagement dangereux du point de vue de la sécurité routière – d’autant que la place est partiellement pavée, s’inscrit dans une descente et une courbe – cette place Sainte-Elisabeth a quelque chose de plus : elle abrite à sa pointe sud un vrai raté d’urbanisme à lui tout seul. Artistique, comme la place du commandant l’Herminier de Dan Graham, le long de la ligne 1.
Le belge Patrick Corillon a en effet commis un banc enserré par une plante grimpante en acier, résine et caoutchouc. Problème : ledit banc, flanqué d’une sucette qui explique l’œuvre, est rigoureusement inadapté à ce qu’on pose son séant dessus – et d’ailleurs personne ne s’y risque. Quant aux autres bancs de la place, très minéraux et massifs, sont bien bas pour être confortables. Heureusement, les restaurants voisins ont des terrasses !
Louis-Benoît Greffe
Crédit photos : Breizh-info.com
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