Si la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un a marqué un tournant dans la situation géopolitique du Pacifique Nord, les relations entre la Corée du Nord et le Japon, jadis très proche des USA, n’en restent pas moins compliquées. Décryptage.
Exercices militaires
Les déclarations se succèdent entre le Japon et la Corée du Nord. Dans un premier temps, c’est l’Empire du Soleil Levant qui avait annoncé, le 21 juin dernier, qu’il mettait fin à ses exercices d’évacuation. Des exercices qui avaient débuté au mois de janvier 2018 et censés préparer la population à une attaque nord-coréenne, notamment à Tokyo. Lors du sixième essai nucléaire effectué par Pyongyang en 2017, deux missiles avaient survolé le Japon.
Cette décision faisait alors suite à la rencontre entre le dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-un et le président des États-Unis Donald Trump qui s’était déroulée le 12 juin dernier à Singapour. Lors de cet échange, Kim Jong-un s’était engagé à entreprendre une action en faveur de la « dénucléarisation complète de la péninsule nord-coréenne ».
La Corée du Nord ignore
Le 25 juin, la Corée du Nord a répondu aux Japonais. Selon Pyongyang, le pays continuera d’ignorer le Japon tant que celui-ci « ne modifiera pas ses intentions en matière de paix et de sécurité ». De plus, selon l’Agence centrale de presse nord-coréenne, « le Japon devrait arrêter ses exercices militaires à grande échelle et le renforcement de ses capacités militaires visant à attaquer [NDLR : la Corée du Nord], mettre fin à sa politique hostile contre nous, rompre avec le passé et montrer sa sincérité envers la paix ».
Pas de quoi améliorer les relations diplomatiques entre les deux états tandis que le Japon envisage la tenue d’un sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. Sommet au cours duquel le Premier ministre japonais Shinzo Abe espère s’attaquer à la question des citoyens japonais enlevés il y a des décennies par la Corée du Nord. Aucune date n’a, pour l’heure, été fixée. Outre les USA, Kim Jong-un a également rencontré les dirigeants de la Chine et de la Corée du Sud au cours de l’année écoulée.
Combien de Japonais enlevés ?
Entre 1977 et 1983, 13 Japonais ont été enlevés par les services nord-coréens. C’est ce qu’a reconnu Pyongyang en 2002. Depuis, seulement cinq d’entre eux sont rentrés chez eux. Une détention à laquelle Shinzo Abe entend mettre fin et pour laquelle il a sollicité l’aide de Donald Trump avant le sommet du 12 juin dernier.
De son côté, l’Agence centrale de presse nord-coréenne n’a fait aucune mention de ces Japonais enlevés.
Question d’espionnage
Quant aux motivations de ces enlèvements, elles ont tout d’un scénario hollywoodien. Et pourtant. La Corée du Nord souhaitant former ses services d’espionnage à la langue ainsi qu’à la culture japonaise, elle avait donc commandité la séquestration de ces Nippons.
Si les autorités japonaises ont, pour leur part, évoqué un nombre officiel de 17 ressortissants, deux associations constituées pour faire face à ces enlèvements parlent volontiers de plusieurs centaines de disparus.Ces rapts ont notamment frappé des adolescentes. Les ravisseurs arrivaient par la mer avec des bateaux rapides et enlevaient les victimes japonaises sur la côte. Ils regagnaient ensuite un navire de plus grande taille stationné au large. Des navires qui étaient des faux chalutiers afin de duper les garde-côtes japonais.
Toujours est-il que le Japon n’entend pas sacrifier le sort de ses ressortissants sur l’autel des relations USA-Corée du Nord. Mais la partie est loin d’être gagnée.
Crédit photos : Wikipédia (CC/Shealah Craighead)
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