Une enquête a révélé que des gangs font commerce de passeports britanniques auprès de passeurs de migrants et de djihadistes. Un filon juteux… et dangereux.
Athènes et Istambul
Le travail d’investigation mené par un quotidien de Grande-Bretagne a de quoi inquiéter les autorités. Il fait ainsi état d’un réseau de vente de passeports britanniques à des fins criminelles ou terroristes.
Les passeports en question ne sont pas contrefaits. Mais sont volés ou parfois même achetés à leurs propriétaires britanniques. Une activité dont plusieurs gangs se sont fait une spécialité. Par la suite, ces passeports sont transportés par avion à Istanbul ou à Athènes pour être vendus à des passeurs de clandestins.
Djihadistes tranquilles
Parmi les clients des passeurs dans les pays de départs, des djihadistes se procurent régulièrement le précieux sésame selon des experts britanniques en matière de sécurité. De quoi gagner l’Europe occidentale en toute tranquillité.
Depuis la publication de ce dossier accablant, à Londres certain des députés ont demandé la mise en œuvre de mesures pour mettre fin à ce marché du passeport, dénonçant au passage la « vulnérabilité choquante » de la Grande-Bretagne.
Ressemblance physique
Un point interpelle particulièrement dans ce reportage. Des citoyens britanniques vendent en effet en toute connaissance de cause leur passeport aux malfaiteurs. Il faut préciser que les photos de ces citoyens se doivent d’être d’apparence similaire aux visages des migrants et des terroristes qui les acquièrent.
De quoi en déduire que l’immense majorité des personnes vendant leur passeport ont également un nom de consonance arabe ou pakistanaise. En moyenne, ces faux documents duperaient dans sept cas sur dix les services de l’immigration britannique.
2 500 livres sterling
Sur le marché, ces passeports sont vendus aux alentours de 2 500 livres sterling. Par ailleurs, de fausses cartes d’identité de l’UE utilisables pour accéder au territoire de la Grande-Bretagne sont également fabriquées sur commande dans les Balkans avec un délai de trois jours.
Selon Europol (agende de police de l’UE), les passeurs opérant en Turquie et en Grèce sont les principaux contrebandiers opérant ce trafic de documents.
Interpol inefficace ?
De plus, les différents services de police ont visiblement du mal à coordonner leurs efforts. Ainsi, Interpol (organisation mondiale de la police criminelle) possède une énorme base de données sur les passeports et cartes d’identité volés et perdus. Mais n’est, pour autant, pas automatiquement informée de tous les vols de passeports dans le monde entier. Cette base de données SLTD (Stolen or Lost Travel Documents) n’est pas reliée aux listes nationales de passeports volés ou perdus.
En conséquence de quoi, les services de contrôle de l’immigration de certains états ne consulteraient donc pas la base SLTD afin de déterminer si un passeport est volé ou frauduleux. En 2014, seuls quatre passeports sur dix utilisés pour les vols internationaux ont été vérifiés par rapport au fichier en question.
144 000 individus
En Grande-Bretagne, les services de contrôle des frontières ont refusé l’entrée à 144 000 personnes sur le territoire entre 2010 et mars 2018 pour cause de documents d’identité frauduleux.
Pas de quoi freiner pour autant ce marché lucratif du passeport qui se répand de plus en plus en Europe. Hormis les britanniques, la plupart des passeports achetés sont français et allemands. Des pays où l’immigration extra-européenne est la plus présente en Europe. Un hasard ?
Crédit photos : Wikimedia Commons (CC)
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