Il y a un mois, l’extrême-gauche y croyait encore. « On a tous de bonnes raisons de bloquer le Bac », clamait-elle le 25 mai dernier. « Nik le Bac », à Paris, le lendemain.
Puis il y a eu… l’été. Les partiels finis – tant bien que mal –, les lois passées, la grève SNCF qui s’étiole, les manifestations minables qui finissent en beuverie… et même l’appel à Occuper le bac, le 21 juin, n’y a rien fait.
Ainsi le bac se déroule, il est même quasiment terminé pour certaines filières, et s’il y a eu des perturbations – liées aux grèves SNCF pour partie, et même à une agression sexuelle dans le Nord – l’extrême-gauche militante n’y est presque pour rien. A Nantes, comme ailleurs en Bretagne, elle n’a rien tenté.
« Digne fin d’une année militante totalement ratée », ricane un policier nantais. « Ils ont bien embêté les Nantais, mais pour rien. Mai 68 bis, ça a raté, leurs ex-camarades les ont dégagés de la ZAD pour signer avec la Préfecture, les manifs sont l’ombre de celles de 2017 et 2016, les Nantais en ont marre d’eux, le soutien populaire est inexistant…». Il ne reste plus au noyau dur des militants qu’à compisser le mur de la préfecture – la nuit, courageux mais pas téméraires – et à faire la guerre aux boîtes à lettres.
Comble de l’humiliation – les mots d’ordre sont critiqués sur les sites mêmes de la mouvance. Notamment pour l’empêchement (raté) du bac. « appeler à boycotter le bac quand on a un doctorat ou un master, c’est un peu ridicule non ? », relève bien à propos Mouton Noir – il se trouve que l’un des principaux militants de l’extrême-gauche sur Nantes est diplômé d’histoire et de sociologie.
Un autre militant révèle en effet qu’il y a « tout un courant anti-études dans les milieux « radicaux », qui est essentiellement, comme ces milieux, composé de gens qui ont des héritages et n’auront de toute façon pas besoin de se lancer dans la compétition. Sans parler de toute une catégorie qui après avoir hautement déserté à dix huit ans prend des études à trente et deviennent eux mêmes profs de facs ». Et un autre abonde : « c’est quand même plus facile d’appeler à ne pas passer le bac quand on est soi-même à l’abri de la pauvreté et du manque de diplômes ».
Tout se perd, y compris la subordination jusqu’alors quasi militaire aux ordres donnés par les têtes (pas trop) pensantes de l’extrême-gauche bretonne. Qui seront quittes pour s’inscrire à l’ISSEP, la nouvelle école de sciences politiques lancée à Lyon – pour suivre le module « direction des hommes ».
Louis Moulin
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