Les parlementaires se plaignent : trop de travail. Contraints de siéger deux week-ends d’affilée, ils seraient au bord de l’épuisement. « Avec 1000 amendements pour la loi asile et immigration, 2300 pour la loi agriculture et alimentation, et 3000 pour le projet de loi Elan, on touche là les limites du fonctionnement actuel de l’Assemblée », raconte François de Rugy (LREM), député de Nantes-Orvault et président de l’Assemblée nationale. « Si on veut un débat clair pour la majorité, l’opposition et les citoyens, il faut être réaliste et raisonnable », ajoute-t-il (Le Figaro, mercredi 6 juin 2018).
« On est à marche forcée parce qu’il y a urgence à le faire », justifie Sophie Errante (LREL), député de Vertou. Un vieux de la vieille, Marc Le Fur (LR), député de Loudéac et vice-président de l’Assemblée nationale, stigmatise « un calendrier mal géré ». Citant en exemple la loi sur l’agriculture qu’il juge « médiocre », ce dernier craint que le travail législatif soit « mauvais, car fait trop rapidement » (Ouest-France, jeudi 7 juin 2018).
Effectivement, ces derniers temps, les parlementaires ont eu droit à un rythme législatif effréné, les séances de nuit succédant aux séances de jour. Il n’y a là rien de bien nouveau puisque les gouvernements précédents contraignaient, eux aussi, députés et sénateurs à travailler davantage que les 35 heures de Martine Aubry. Explication : la session ordinaire « commence le premier jour ouvrable d’octobre et prend fin le dernier jour ouvrable de juin » (article 28 de la Constitution).
Ce qui donne tout de même trois mois de vacances aux parlementaires ! Mais ce n’est pas tout : « Le nombre de jours de séances que chaque assemblée peut tenir au cours de la session ordinaire ne peut excéder cent vingt. Les semaines de séances sont fixées par chaque assemblée. » (article 28 de la Constitution). Ce qui laisse beaucoup de temps disponible aux élus de la Nation pour vaquer à d’autres occupations (électeurs de la circonscription, vie du parti…)
« Sincèrement, je ne comprends pas comment certains élus pouvaient cumuler le mandat de député avec celui de maire ou autre », constate Jimmy Pahun (MoDem), député d’Auray (Ouest-France, jeudi 7 juin 2018). La solution trouvée par les cumulards est bien connue : l’absentéisme. Les plus courageux faisaient une apparition rapide dans les travées lors de la séance des questions au gouvernement. A cause de la télévision…
B. Morvan
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