« Johanna, tu fais quoi ? ». La banderole ondule au vent sur la façade de Cap 44. Les temps sont rudes pour Madame le maire de Nantes.
Après avoir béni l’arrivée de migrants dans un ancien EHPAD en plein centre-ville, elle avait été soulagée, vu les réactions des Nantais, de voir le département organiser le ménage début mai. Les plus indésirables des migrants, ceux qui n’avaient aucune chance d’obtenir un statut de réfugié, s’étaient pour beaucoup repliés sur Cap 44, un grand immeuble de bureaux désaffecté situé en bordure de Loire, au pied de la butte Sainte-Anne. A l’écart du centre, donc.
Hélas, juste en face de Cap 44, Nantes Métropole venait d’inaugurer dans la carrière de Miséry une énorme exposition : Complètement Nantes. Enorme et coûteuse : au moins 2 millions d’euros, selon l’irrégulomadaire satirique nantais La Lettre à Lulu – mais des montants bien plus élevés sont aussi évoqués. Bien que la fréquentation soit très inférieure aux espérances (moins de mille visites par jour depuis l’ouverture, selon le site officiel), beaucoup de Nantais ont pu constater que les migrants étaient toujours là.
Cap 44 appartient à l’assureur AXA qui n’a pas tardé à demander l’expulsion des migrants, ce qui a été fait ce 19 juin à partir de 14h30. Les clandestins, qui étaient une quarantaine lors de l’occupation du bâtiment il y a dix jours, se sont avérés 138 dont une dizaine de femmes, deux bébés et un enfant âgé de 12 ans selon ses dires. Le bâtiment de bureaux, totalement inadapté à l’accueil de tant de personnes, a été sécurisé pour tenter d’empêcher des réoccupations ultérieures.
Guidés par des activistes d’extrême-gauche, une centaine de migrants se sont réinstallés à l’autre bout de Nantes, dans les locaux désaffectés de l’ancien institut des sourds à la Persagotière. Juste à côté, une dizaine de jeunes pensionnaires occupent encore un des vieux bâtiments situés dans l’enceinte et se retrouvent confrontés à une cohabitation forcée. D’autres squattent square Daviais et dans d’autres endroits encore.
« Ce sont ces mêmes militants d’extrême-gauche qui les ont installés dans Cap44 », relève un travailleur social nantais avec beaucoup de lassitude. « Ils veulent aussi torpiller l’Arbre aux Hérons qu’ils dénoncent comme le cache-sexe d’une opération immobilière de grande ampleur et manipulent la question des migrants. Ce qui les intéresse, ce n’est pas l’humanitaire, c’est le bordel ». Comme à l’ancienne maison de retraite Bréa, où ils sont d’ailleurs interdits d’entrée depuis la reprise en main du squat par la Préfecture.
Pour ce travailleur social, « maintenant, il va se passer ce que la mairie voulait éviter en les cantonnant au Tertre puis à Bréa, c’est à dire qu’ils vont occuper successivement tous les grands bâtiments vides, jusqu’à ce qu’on leur redonne les Beaux-Arts, ce qui est impossible pour la mairie, tant pour des raisons d’image que politiques. Car ça voudrait dire qu’on ne peut plus planquer la question sous le tapis, en distribuant de l’argent et en les mettant loin des regards ».
A propos d’argent, Aïcha Bassal, adjointe au maire de Nantes, a annoncé dans les colonnes de nos confrères de Presse-Océan qu’elle soumettra le 27 juin prochain au conseil d’administration du CCAS « une subvention de 550.000 € dédiée aux migrants ». Autrement dit « une distribution d’argent public aux clandestins », résume un chef d’entreprise nantais. « Arbre aux Hérons à 35 millions d’euros, Voyage à Nantes en déficit, argent public pour les migrants, venez tous, Nantes est riche ! ».
Entre autres, les nantais paieront la cantine à 50 jeunes migrants non reconnus comme mineurs, mais qui ont lancé des recours pour l’être. Et quarante baux précaires pour en loger d’autres, via l’association Une famille un toit. La reculade de l’état de droit et des institutions, qui préfèrent payer rançon plutôt que d’appliquer la loi – et de renvoyer les clandestins d’où ils viennent – commence à coûter très cher aux nantais.
Louis Moulin
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