Les Machines de l’île ? Un immense éléphant mécanique, une « galerie des machines » et un manège à trois plateaux, le Carrousel des fonds marins, édifiés par Nantes Métropole moyennant une vingtaine de millions d’euros afin de développer son activité touristique (et peut-être pas sans arrière-pensée politique). Ces équipements sont installés à proximité du centre-ville sur 13 hectares de terrain en bord de Loire, là où se situaient autrefois les chantiers navals.
Par délégation de service public (DSP)(1), la métropole a confié la gestion de cet équipement, de même que l’ensemble de sa politique touristique, à la société publique locale (SPL) Le Voyage à Nantes. Comme la loi l’impose, cette DSP rend compte de sa gestion chaque année. Son rapport pour 2017 sera présenté au conseil Nantes Métropole le 22 juin.
Comment se présente l’année écoulée ? La DSP affiche 674 395 billets vendus(2), soit 9 829 de plus qu’en 2016 (+1,5%). Dans le même temps, comme Breizh-info l’a relaté avant-hier, les hébergements collectifs, eux, ont progressé de 7,8 % et le trafic de l’aéroport de Nantes Atlantique de 15 %. Les Machines de l’île seraient-elles restées à l’écart de la grande marée touristique dont la Bretagne entière a profité en 2017 ?
Non : selon la DSP, plus de 50 000 touristes supplémentaires venant d’autres régions ou de l’étranger ont été accueillis. Ils ont compensé une nette désaffection des utilisateurs régionaux. Cependant, malgré leur progression, les étrangers ne représentent même pas 10% de la fréquentation, alors que Les Machines de l’île avaient été conçues comme « un projet touristique, qui contribue au renforcement de l’image internationale de la métropole Nantes – Saint-Nazaire et au développement économique de l’agglomération nantaise »(3).
Subventions, boutique et bar en hausse
Sur le plan financier, les Machines de l’île nantaises ont enregistré 89 000 euros de déficit, soit presque neuf fois plus que l’année d’avant. Elles ont pourtant bénéficié en 2017, pour leur fonctionnement et la gestion de leur site, de 1,653 million d’euros de subventions. Ces dernières ont augmenté presque dix fois plus (+14%) que le nombre de billets vendus (+1,5%) ! Chaque billet est subventionné à hauteur d’environ 2,45 euros par les contribuables de l’agglomération nantaise.
La masse salariale des Machines de l’île a progressé de 10 % en un an et s’élève à 4,85 millions d’euros ; cela n’empêche pas les pilotes de l’éléphant mécanique de réclamer une augmentation sous la menace d’une grève au début de la saison touristique (leur salaire de départ est de 1 792 euros brut par mois, plus divers avantages sociaux). Nantes Maker Campus, diversification tentée depuis 2016, n’a attiré que 4 105 visiteurs (il y en avait eu 63% de plus en 2016). Le seul point vraiment positif est la forte hausse du chiffre d’affaires du bar et de la boutique, qui ont bénéficié en 2017 d’une importante extension ; ils représentent maintenant presque un quart du chiffre d’affaires généré par les Machines de l’île.
(1) La délégation de service public (DSP) est un contrat par lequel une personne morale de droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé (article L1411-1 du code général des collectivités territoriales.
(2) Ce qui ne signifie pas 674 395 visiteurs mais beaucoup moins, car les billets sont vendus séparément pour chacune des trois attractions.
(3) P.V. du conseil communautaire de Nantes Métropole du 18 juin 2004.
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