L’association de La Communauté syrienne de France, dans le cadre du projet « Solidarité Syrie », organise son 10ème voyage de solidarité au cœur du la Syrie au mois octobre 2018, en coordination avec des associations locales et les autorités locales.
Au programme, une semaine pour découvrir les richesses culturelles et historiques de la Syrie et quelques joyaux du patrimoine syrien et du patrimoine de l’humanité. « Pour faire une plongée dans l’actualité et approcher la réalité de la guerre actuelle, nous vous proposerons de rencontrer le peuple syrien qui se tient debout : soldats, civils, personnalités politiques ainsi que les journalistes qui sur le front couvrent cette actualité brûlante. Nous vous encourageons vivement à partir à la découverte de la Syrie authentique, d’hier et d’aujourd’hui… » expliquent les organisateurs qui font partir un groupe de 12 à 15 personnes qui visiteront notamment Damas, Alep, Lattakia, Homs, Tartous ou encore Hama, des zones entièrement sécurisées par l’armée syrienne.
INSCRIPTION AVANT LE 30 JUIN PAR EMAIL à [email protected]
Nous avons recueilli le témoignage de plusieurs personnes qui se sont déjà rendues en Syrie avec cette association, et qui pour certains y retourneront prochainement. Début de ces entretiens avec Norah.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller en Syrie la première fois ? Qu’est-ce qui vous pousse à y retourner ?
Norah : En fait, cela fait des années que je voulais visiter la Syrie, mais l’occasion ne s’est jamais imposée à moi.
J’ai fait des études d’histoire et plus précisément la période du proche orient antique et médiévale ce qui fait que j’ai une approche historique et affective concernant la Syrie. Les événements tragiques qui ont fait basculer ce magnifique pays m’ont énormément touché. Je me suis renseignée sur l’histoire contemporaine que je connaissais moins et je me suis rendu compte que beaucoup d’événements échappaient à la connaissance du grand public. Une fois que l’on a compris ce qui se passe réellement là-bas, on rejette en masse les médias traditionnels et leur propagande. La situation et les événements imposés au peuple syrien m’ont poussé à aller en Syrie malgré les interdits et les dangers pour témoigner ma solidarité et mon soutien aux Syriens.
J’ai donc saisi l’occasion offerte par l’association « la communauté des Syriens de France » pour visiter ce pays magnifique. L’objectif premier était d’aller voir sur place pour me rendre compte de la situation, d’écouter les témoignages et d’apporter mon soutien et celui de ceux qui sont en France. C’était un voyage de soutien et de solidarité.
En visitant la Syrie, les Syriens ont vu que des étrangers continuaient à s’intéresser à leur pays, qu’ils participaient à la vie économique en venant visiter. D’ailleurs le ministère du Tourisme fait un travail important de communication pour relancer le tourisme. Plusieurs spots publicitaires ont été lancés et cela fait plaisir de penser que l’on a un peu contribué à cette campagne en communiquant sur notre voyage en Syrie et en donnant envie aux gens d’y aller.
C’est vrai qu’une fois que l’on y a été, on a envie d’y retourner, particulièrement à Damas. C’est une ville où chaque rue de la vieille ville vous renvoie à l’histoire. On y retourne pour les sites historiques, les paysages et les gens. Les Syriens sont d’une extrême gentillesse, l’harmonie dans laquelle vivent les communautés est naturelle et l’atmosphère est sereine malgré la gravité de la situation (lorsque nous y étions, nous entendions les bombardements au loin pendant la bataille de libération du camp de Yarmouk).
J’ai fait une page Facebook pour témoigner et partager mon fabuleux voyage : « Syrie, carnets de voyage ».
Je partage mes photos, mes vidéos et mon ressenti. Ma solidarité avec les Syriens s’exprime à travers ces photos, ces vidéos et témoignages ramenés. J’ai encore en tête ces visages de personnes rencontrées, ces blessés de guerre visités qui me rendent encore plus concernée par ce qui se passe là-bas et qui poussent à y retourner.
Breizh-info.com : Avez-vous connaissance de l’évolution de la situation sur place ? Est-ce qu’il y a une amélioration depuis la fin de l’État islamique ?
Norah : Je suis la situation sur le terrain tous les jours. J’ai des amis en Syrie et beaucoup de reporters syriens communiquent via les réseaux sociaux sur l’avancée de l’armée arabe syrienne et de ses alliés. J’ai pu constater le renversement de la situation depuis l’entrée en Syrie de la Russie en 2015. Les victoires sur Daesh (ils disent Daesh et non état islamique, pour les peuples de la région état islamique ne correspond à rien). Depuis la reprise d’Alep en décembre 2016, la libération des territoires occupés par Daesh et les pseudo rebelles composés en milices : Armée syrienne libre, Al Nosra, Jaysh al islam, Fattah al Sham, Nur eddin al Zinqi…. se sont accélérés. Les victoires remportées sur le terrain par l’armée syrienne et ses alliés sont accueillis avec joie par la population qui retrouve paix et stabilité après une période de privation et de souffrances sous occupation de ces hordes de pseudo rebelles. Lors de notre visite à Alep, ville meurtrie par les différentes milices présentées par les médias occidentaux comme des rebelles libérateurs, les aléppins ont témoigné de la barbarie et des privations imposées par ces mêmes milices.
Une personne qui a demandé a gardé l’anonymat nous a fournit un témoignage poignant et plein d’émotions, mais aussi qui a tenue à nous dire son incompréhension à l’encontre de la France et des occidentaux qui soutenaient les pseudo rebelles qui les tuaient chaque jour. Les Syriens supportent leur armée, ils en sont fiers, il n’y a pas un quartier, un village qui n’arbore pas les photos de ses martyrs tombés pour défendre le peuple. La vie reprend doucement son cours dans chaque ville libérée. Le génie civil est aussitôt envoyé pour refaire les routes et reconstruire. Chaque personne rencontrée nous a témoigné de son soutien au président Bachar Al Assad et à l’armée arabe syrienne, et cela de toutes communautés confondues de la population syrienne. C’est impressionnant de voir cette cohésion derrière leur président et leur armée. Nous avons pu constater que les gens ont repris une vie normale dans les territoires libérés. À Damas, les cafés et clubs sont pleins la nuit venue. À Alep ils ont commencé à reconstruire le souk et la mosquée des Omeyyades. Dans la banlieue, d’Alep, la zone industrielle la plus grande du monde arabe, cœur de l’économie syrienne qui a été méthodiquement détruite est en reconstruction et le peu d’unités en état de fonctionnement tournent à plein régime. Les réseaux autoroutiers sont remis en état et réouverts dès que les régions sont sécurisées. Le gouvernement syrien veut relancer l’économie le plus rapidement possible d’après ce que nous expliqué le président de la Chambre du Commerce d’Alep.
Breizh-info.com : Vous estimez-vous bien informée, avec la presse mainstream notamment, sur la situation en Syrie ?
Norah : Comme je vous l’ai expliqué plus haut, les médias mainstream ne sont que propagande. Ils sont à fuir absolument. Ils ne reflètent en rien la réalité. Pour s’informer correctement et avoir une vue plus réaliste des événements en Syrie, mais aussi en Irak et au Yémen il faut se tourner vers les réseaux sociaux et les sites indépendants. Il y a des reporters de guerre de toutes nationalités qui suivent les opérations militaires. Il y a les comptes tweeter de journalistes syriens ou bien de journalistes russes sur le terrain. Il y a également des spécialistes militaires qui ont leurs comptes et qui donnent leurs analyses. Une des plates-formes les plus connues : Southfront. Le problème, c’est que ce sont des informations en anglais. En somme, celui qui cherche des informations alternatives aux médias mainstream, doit se tourner vers internet. Pour les francophones, il y a sur Facebook des pages faites par des Syriens francophones qui informent sur la Syrie.
Breizh-info.com : N’y a-t-il pas une forme d’angélisme chez les partisans en France de Bachar el Assad le concernant ?
Norah : Certes, on ne peut pas dire que Bachar Al Assad soit un ange, il a fait des erreurs. Cependant, il faut connaître l’histoire de ce pays et à quoi il a dû faire face. Il est important de connaître la période depuis la guerre avec l’État hébreu, cela aide à avoir une meilleure compréhension de la politique de ce pays. Il est bien évidemment clair que la corruption est un fléau, mais cela est vrai dans de nombreux pays y compris en France.
À l’heure actuelle en Syrie, le peuple syrien dans sa majorité est avec son président. Pour preuve, à chaque personne questionnée, à Damas, à Alep, à Hama, à Selhb… nous étions repris de « volée » lorsque l’un de nous sous-entendait qu’Assad était la cause du problème. Nous avons tous constaté que le peuple dans sa grande majorité soutenait le président. Quoi qu’on en pense, ici en France ou en Syrie, il faut se rendre à l’évidence : le président syrien a tenu tête avec l’appui de son peuple, de son armée et de ses alliées à une invasion de terroristes venus des quatre coins du monde venus détruire et diviser son pays sous couvert d’une pseudo révolution fomentée en Occident. Ceux qui ont compris cela ne peuvent que le soutenir.
Breizh-info.com : Quelles seraient vos attentes si vous retourniez en Syrie ?
Norah : J’aurais bien voulu revoir toutes les personnes rencontrées lors de mon premier voyage et voir l’évolution de leurs conditions de vie, de leurs pensées…
Propos recueillis par Yann Vallerie
Crédit photo : DR
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