Au nord-est de la Syrie, la situation était déjà suffisamment compliquée comme ça : loyalistes syriens renforcés par le Hezbollah, ainsi que des volontaires chiites d’Irak, Iran et même Afghanistan, armée russe du côté loyaliste – et en face, kurdes divisés entre eux et soutenus par des soldats américains et anglais. Au milieu, des bandes résiduelles de l’État islamique, des tribus arabes sunnites aux allégeances changeantes – et qui en ont passablement marre des Kurdes, notamment autour de Raqqa, et des civils qui attendent que cela se passe. Sans oublier les Turcs soucieux de contenir les Kurdes. Voilà maintenant que l’Italie s’en mêle.
Selon l’agence turque Anadolu et le journal turc Hurriyet, l’armée italienne a envoyé des unités dans la province de Deir Ezzor pour soutenir les YPG kurdes, considérés comme terroristes par la Turquie. Les soldats, dont le nombre est inconnu selon Hurriyet, n’ont jusqu’à ce jour participé à aucune opération militaire contre l’EI. Ils sont installés dans une base américaine située au beau milieu du très important et stratégique gisement pétrolier d’al Omar. La région de Deir Ezzor donnait avant-guerre juqu’à la moitié de la production syrienne d’or noir. Ces troupes sont entrées en Syrie via Hassakah, en passant par l’Irak.
Garder le pétrole d’al Omar ou entraîner les kurdes contre l’EI ?
Le média russe Regnum complète en s’appuyant sur des sources turques. Le contingent italien, décrit comme « peu nombreux », pourrait être « affecté à la garde du gisement d’al Omar pour empêcher que le gouvernement syrien [de Bachar al Assad] n’en prenne le contrôle ». Ce dernier, qui revendique le retour sous contrôle loyaliste de l’ensemble de la Syrie, réclame aussi la reprise de contrôle sur tous les gisements d’hydrocarbures et d’énergie, dont nombreux sont ceux tenus par les kurdes – et donc les américains – au nord de la Syrie.
Selon l’agence fédérale des nouvelles (FAN), basée en Russie, ce contingent serait constitué de « 20 soldats italiens, dont des instructeurs militaires ». Ils pourraient appuyer l’opération en cours des YPG kurdes contre les bandes EI situées dans deux poches, l’une dans le désert à la frontière de l’Irak, l’autre près de Hajin sur les rives de l’Euphrate.
L’artillerie française – la task force Wagram – est aussi engagée dans cette opération, du côté irakien de la frontière, ainsi que l’aviation française, depuis des bases en Jordanie et aux Émirats Arabes Unis. Du reste, c’est l’artillerie qui est le plus engagée – 95 missions de tirs et 650 obus tirés en mai, 48 dans la première moitié de juin (dont 32 du 6 au 12 juin), contre une vingtaine de sorties dont deux frappes pour l’aviation. Les kurdes sont aussi appuyés par l’artillerie américaine et l’aviation irakienne.
Au sud du fleuve, entre Al-Bukamal et Palmyre, les loyalistes syriens aidés d’éléments iraniens et russes font une opération de nettoyage similaire – des bandes éparses de l’EI subsistent dans le désert.
LBG
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